Par principe nous condamnons la violence religieuse et le fanatisme d’où qu’il vienne. Nous condamnons la violence nationaliste.
Nous croyons que le judaïsme prône une voie de paix et de la nuance et que l’extrémisme religieux ou politique n’a jamais été une solution.
C’est pourquoi nous condamnons fermement l’attentat qui a cherché à atteindre à la vie du professeur Zeev Sternhell jeudi 25 septembre 2008. Que nous partagions ou non ses positions politiques.
Survivant de la Shoa, orphelin à l’âge de 7 ans, et vétéran des guerres d’Israël, le Professeur Sternhell, âgé de 73 ans, a eu la chance de n’être que blessé à la jambe par des éclats de la bombe.
Zeev Sternhell est l’un des membres fondateurs du mouvement israélien Shalom Akhchav (La paix maintenant), et participe activement au débat politique en Israël, entre autres par ses contributions à la page "Opinions" du quotidien israélien Haaretz.
Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres pour « sa contribution au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».
Lauréat 2008 du Prix Israël (le prix de l’État) pour ses travaux en sciences politiques.
Zeev Sternhell qualifie l’attentat à la bombe devant sa porte, « d’acte de terrorisme juif ».
« C’est un acte de terrorisme car ses auteurs ne pouvaient pas savoir qui ils allaient frapper. »
En toile de fond, il y a sa lutte contre la présence israélienne dans les territoires de Judée Samarie.
Sur les 250 000 colons de Cisjordanie, il estime qu’il n’y en a que 40 ou 50 000 dont la démarche est idéologique et sur ceux-ci, seulement « quelques milliers qui sont prêts à recourir à la force ». Sternhell met en évidence la nouvelle génération des « jeunes des hauts de collines » qui, dans le schéma bien connu des « mouvements révolutionnaires », considèrent leurs dirigeants vieillissant comme des « traîtres » quand ils désirent discuter avec le gouvernement jusqu’à la possibilité d’une évacuation volontaire de certains avant-postes.
Ces activistes sont « profondément convaincus que l’avenir du peuple juif dépend d’eux », dès lors ils considèrent la violence comme légitime et croient : « Dieu est avec nous, et Dieu veillera à ce que nous arrivions à faire partir les Palestiniens. »
Pour le Professeur Sternhell, la réponse se trouve dans l’évacuation « d’au moins 95% de la Cisjordanie ». Mais là, il y a un paradoxe. Car il estime aussi que la violence pourrait provenir « d’un sentiment d’urgence » à l’extrême droite, car « elle est arrivée à la conclusion que l’élite politique israélienne était maintenant plus proche de ce que je pense que de leurs idées. »
« L’élite politique israélienne est très faible... le fait est que les gens au pouvoir ne sont pas prêts à se confronter avec les colons... je ne suis pas très optimiste. Je ne vois pas qui pourrait être capable dans les années à venir d’aborder sérieusement cette question. »
C’est pourquoi il pense que le seul espoir réside dans « une intervention forte de la communauté internationale - des USA et de l’Union européenne. »
« Je suis personnellement arrivé à la conclusion que nous ne pouvons pas le faire de notre propre chef, à cause de la faiblesse de la démocratie israélienne, la faiblesse de l’Autorité palestinienne. »
Estimant que la démarche d’Oslo « étape par étape », fut « une erreur totale », il insiste : « Toutes les questions doivent être traitées en même temps et toutes les parties ayant des intérêts au Moyen-Orient doivent participer, je ne vois pas comment les choses pourraient bouger autrement. »
Après l’attaque de son domicile, il déclare : « Tout le monde est capable de tout. D’être juif ou de ne pas être juif ne vous immunise pas contre les maux qui peuvent exister dans l’histoire et en politique. »