Le Rabbin Paul Plotkin, qui est le Responsable du Comité pour la Casherout de la Rabbinical Assembly affirme : « Il existe une idée fausse selon laquelle les Juifs Massorti sont autorisés à consommer de la nourriture chaude dans des restaurants non-cashers. C’est parfaitement faux. »
Une enquête du Rabbinat Conservative parue récemment révèle que plus de 80% des Juifs Massorti ont l’habitude de manger du poisson chaud dans des restaurants non-cashers. Cette constatation incite le Président du Comité Casher Rabbinique à entreprendre la rédaction d’un décret qui restreindra probablement ce que les Massorti peuvent ou ne peuvent pas consommer dans des restaurants non-cashers.
Un décret aussi formellement négatif, s’il était entériné par le Comittee on Jewish Law and Standards, changerait radicalement la pratique Conservative telle qu’elle existe depuis plus d’une génération. Ce décret risquerait aussi de faire des étincelles entre le Rabbin Paul Plotkin président du Comité, expert reconnu du mouvement Conservative en matière de Casherout et les Rabbins Conservative plus libéraux qui soutiennent que la Halakha doit évoluer avec son temps.
« Ca m’a beaucoup déçu, et ça me consterne depuis très longtemps » affirme le Rabbin Plotkin au sujet de l’habitude largement répandue des Massorti de manger des plats chauds Halavi dans des restaurants non-cashers.
« Je suis très tenté d’écrire une responsum sur le sujet » ajoute-t-il « Je veux absolument que le Comité des Lois reconsidère la question, car j’estime que c’est une idée fausse que les Juifs Conservative sont autorisés à consommer de la nourriture chaude dans des restaurants non-cashers, c’est entièrement faux. »
Le Rabbin Plotkin, responsable spirituel du Temple Beth Am à Margate (Floride) espère soumettre son article à la fin de l’année. Il pense que la pratique actuelle des juifs Massorti a pour origine une mauvaise interprétation d’une Opinion Légale écrite en 1940 par le Rabbin Max Arzt qui concernait uniquement la consommation de poisson grillé et de légumes cuisinés dans des restaurants non-casher pour les communautés isolées qui n’avaient pas de restaurants cashers à proximité.
Selon le Rabbin Plotkin, « C’était d’une portée limitée et basé sur la réalité de l’époque, la plupart des raisons pour lesquelles le Rabbin Arzt a autorisé le poisson grillé, ne sont plus d’actualité…et cette Teshuva (Opinion Juive Légale) n’inclut pas la consommation de pizza dans un restaurant non-casher Je ne le fais pas, et je ne peux trouver aucun fondement religieux permettant de considérer a priori que tous les fromages sont cashers ».
Selon le Rabbin Plotkin, sa Responsum présenterait « une opinion honnête intellectuellement et valable halakhiquement pour guider les juifs Conservative dans ce qu’ils peuvent ou non consommer dans un restaurant non-casher . »
Il dit qu’il réalise « qu’une position bien plus stricte risque de découler de son décret, car c’est la seule position intellectuellement honnête… le rôle du Mouvement Conservative n’est pas de chercher la meilleure façon d’éviter d’être strict ».
En revanche, le Rabbin Barry Leff de Toledo (Ohio) bien qu’il soit d’accord avec la conclusion du Rabbin Plotkin, (il faut changer la Halakha ) croit que la Halakha ou loi Juive, doit s’adapter à son temps. Pour le Rabbin Leff, rendre la Halakha encore plus stricte, comme le suggère le Rabbin Plotkin, « réduirait sa pertinence aux yeux de beaucoup. »
« De temps en temps, nous devons ajuster la Halakha avec ce que les gens font, ou nous perdrons tout respect pour le système » explique-t-il, « N’imposez pas de règles à la communauté, si vous êtes sûr qu’ils ne s’y plieront pas. » et un retour en arrière de la Halakha sur la Casherout ne sera pas accepté par les fidèles.
« La Halakha est décidée par le peuple et les Rabbins suivent » souligne le Rabbin Leff en citant en exemple le cas de la dinde, inconnue autrefois en Europe.
« Les Rabbins souhaitaient l’interdire, mais les gens dirent que c’était une sorte de poulet et qu’elle devait être Casher » rappelle-t-il, « les Rabbins suivirent et furent bien contraints d’adapter la Halakha . »
Il en est de même pour ce qui est manger dans des établissements non-cashers, dit le Rabbin Leff, chef spirituel de la congrégation B’nai Israel. Il dit avoir découvert dans sa propre enquête non scientifique, menée auprès de 110 Rabbins Conservative à l’automne 2003 que 71% d’entre eux mangeaient des repas chauds Halavi dans des restaurants non-cashers et que 92% d’entre eux mangeaient des plats chauds Halavi dans des restaurants végétariens sans supervision rabbinique.
Il découvrit de même, « qu’une majorité substantielle » de Juifs pratiquants Massorti mangeaient eux aussi des repas chauds dans des restaurants non-cashers. L’enquête du JTS de la semaine dernière révèle que 90% des salariés de communautés Conservative (éducateurs et employés) et 97% des responsables communautaires comme les présidents ou les membres du Conseil d’Administration affirment consommer de la nourriture chaude comme du poisson dans des restaurants non-cashers.
Sur son blog, le Rabbin Leff soutient que le danger de modifier la Halakha sur ce sujet dans un sens moins strict « semble minime comparé au bénéfice cumulé de voir les gens pratiquants constater que la Halakha peut s’adapter aux évolutions de l’époque et des pratiques religieuses. »
« Le temps de se battre sur ce sujet (l’évolution de la Halakha ) est passé depuis longtemps, et je propose cette responsum pour tenter de concilier la Halakha et la pratique quotidienne. Il me semble qu’un tel changement de la Halakha , (visant à la libéraliser davantage) même s’il est apparemment radical, est préférable à laisser se poursuivre indéfiniment la cacophonie actuelle entre Loi et pratique. »
Rabbi Leff affirme que bien qu’il ait soumis cette teshuva au Comité des Lois en Mai 2004, elle n’a toujours pas été examinée. Mais il est persuadé que si elle était examinée, elle obtiendrait les six votes nécessaires pour être adoptée. Le Rabbin Plotkin, pour sa part, rejette les arguments de l’article en disant : « Si demain tout le monde se mettait à manger du porc, est ce qu’on changerait les règles pour autant ? Jusqu’où cela va-t-il nous mener ? »
De son côté le Rabbin Kassel Abelson, Président du Comité des Lois dit que son Comité à laissé le choix « à chaque Rabbin individuellement de décider où l’on pouvait manger ».
« Je suppose que même certains Orthodoxes mangeraient de la nourriture froide comme des salades (dans des restaurants non-cashers) » il ajoute « La nourriture cuite implique un autre niveau d’observance en terme de vaisselle dans laquelle on la prépare. Je présume que les restaurants pour la plupart sont propres et que la question est plutôt de savoir si vous faites confiance ou si vous insistez pour que les plats soient lavés rituellement. »
Messages
Voila un magnifique exemple de la libéralisation du masssortisme.
Il faut s’adapter à la pratique des gens, que les rabbins et les halakhot les suivent...
Mais si tant de rabbins ont "autolibéralisé" leur propre pratique, combien de temps avant que le comité des lois vote a la majorité la libéralisation ?
Le fondement du judaisme n’est il pas...le judaisme ?
Il y a des lois n’est ce pas ?
Le rabbin plotkin s’exprime d’une voix forte...ne preche t il pas deja dans le desert ?...
Voilà un bon exemple de ceux qui parlent pour ne rien dire. Yossi, vous devriez prendre un pot avec le rabbin Dalsace, vous vous trouverez des points communs ...
J’ai peur de ne pas avoir compris : les gens le font en majorité mais ce n’est pas bien, c’est ça ? Le mouvement massorti constate cette dérive mais ne l’approuve pas ? Il ne faut manger que dans les restaurants casher ? Excusez-moi, mais j’ai peur d’avoir compris cet article de travers, SVP éclairez ma lumière !