Soukot est la troisième fête de pèlerinage à la suite de Pessah et Shavouot. A l’époque du Temple on allait à Jérusalem où se tenait une fête particulièrement joyeuse.
Soukot dure une semaine (comme Pessah) et se termine par une fête supplémentaire, un huitième jour : Shemini atseret, surnommée également Simhat Tora.
L’origine de Soukot est agricole, c’était la fête des récoltes (hag haassif) qui marque les vendanges, la récolte des dattes, des figues et des olives, nourriture basique à l’époque. Cette fête marque donc la fin de la saison agricole qui a commencé avec Pessah (fête des prémices). Dans ce contexte, il semble que la souka , cabane de branchages, servait d’abri aux gardiens dans les champs qui surveillaient la récolte.
Du point de vue de l’histoire biblique, cette fête commémore le séjour d’Israël dans le désert, la souka représente alors les nuées divines protégeant le peuple d’Israël durant son errance de 40 ans. La fragile souka est donc le symbole de la protection divine.
D’un point de vue mystique, cette fête représente la capacité de l’humain à se mettre en harmonie avec le monde et son créateur. La souka représente alors l’équilibre fragile entre le matériel et le spirituel, le terrestre et le céleste (c’est pourquoi le toit de branchage doit laisser passer le jour).
Le huitième jour de fête est indépendant de soukot (la souka n’est plus utilisé ce jour-là et on entame une nouvelle unité de temps par la bénédiction שהחיינו). Shemini atseret représente la vision d’une possibilité messianique, le dépassement du 7 naturel, par le 8 de l’infini…
Un autre aspect important de la fête de soukot est son message universel. On met l’accent à travers plusieurs symboles sur la réunion de toutes les nations du monde unies dans une même communion et une même paix (c’est pourquoi on parle de soukat shalom). La Souka devient alors une sorte de temple messianique ouvert à tous. Cet universalisme est marqué entre autre par le rappel des 70 taureaux qui étaient offerts au Temple de Jérusalem en hommage aux 70 nations (70 façons d’être un humain) qui composeraient l’humanité d’après la tradition juive. Les textes bibliques lus à la synagogue annoncent clairement que Jérusalem deviendra lieu de pèlerinage pour toutes les nations (Zacharie 14). De nos jours, des délégations de chrétiens sympathisants d’Israël organisent un grand défilé international chaque soukot dans les rues de la capitale d’Israël.
Cette idée de rassemblement se retrouve également dans le loulav, bouquet de 4 plantes différentes (Cédrat , palme, myrte, saule) tenues ensembles et agitées vers les 6 directions de l’espace (symbole du cube qu’on retrouve également dans la souka ) durant l’office de la fête. Chaque plante représente un climat différent, mais aussi les différents types de Juifs. On rassemble tout le monde et on s’adresse à toutes les directions de l’univers pour assembler les bonnes énergies vers le centre qui est celui qui tient le loulav, donc l’homme lui-même ayant atteint l’harmonie intérieure et l’harmonie avec l’univers représenté par la souka . Chaque individu doit avoir acheté son propre loulav et l’emmener avec lui à la synagogue.
Pour la kabale, la fête de soukot unit toutes les 7 sefirot de l’arbre de vie, chacune étant représentée par un personnage biblique invité chaque jour et incarnant une dimension spirituelle particulière à laquelle nous nous associons.
L’idée à retenir est donc l’union de toutes les facettes humaines et spirituelles pour atteindre l’harmonie et la fraternité. Vaste programme qui vient couronner le cycle des fêtes juives.
Soukkot est donc une fête particulièrement spirituelle, mais difficile à appréhender pour le grand public, particulièrement hors d’Israël où il n’est pas toujours facile de la pratiquer correctement.
Sur le plan pratique :
La souka doit être construite à un endroit à ciel ouvert. Elle doit être cubique, permettre au minimum à un individu de s’y tenir. Ses parois doivent être stables (en dur ou en tissu bien tendu), son toit doit être en branchages naturels ou en bambous. On y mange et on y dort même, si on peut. S’il pleut ou fait trop froid, on renonce à la souka et on regagne sa maison. Il existe des soukot communautaire et ceux qui ont la chance d’avoir une souka doivent recevoir au maximum.
C’est une mitsva de consommer du pain dans la souka . Chaque fois que l’on mange un repas avec du pain dans la souka , on récite la bénédiction « Léshev Ba-Souka ».
"Bénis sois tu, Hachem roi de l’Univers qui nous a sanctifiés par ses commandements et nous a donné l’ordre de nous asseoir dans la Souccah".
Le premier jour de soukot est un yom tov (jour chômé). On allume des bougies avec bénédiction. On dit le kidoush de yom tov avant les repas. On va à la synagogue le soir et le matin (office important avec lecture de la Tora, halel et loulav, hoshanot).
En diaspora, on double ce jour de yom tov.
Chaque jour intermédiaire (6 normalement, mais 5 en diaspora) on continue le rite de la souka , du loulav, du halel, des hoshanot et on lit la Tora chaque jour à la synagogue si c’est possible.
Une personne seule qui n’irait pas à la synagogue récite tout de même les prières de fête, le halel, secoue le loulav, mais ne peut bien sûr pas lire dans la Tora rituellement.
Le 8e jour est une fête nouvelle (plus de souka , ni de loulav). On l’associe à la fête de la Tora, simhat tora (procession des rouleaux à la synagogue). C’est un yom tov (jour chômé). On allume des bougies avec bénédiction. On dit le kidoush de yom tov avant les repas. On va à la synagogue le soir et le matin (office important avec lecture de la Tora et halel). Ce jour est particulièrement important car il couronne toute l’année liturgique juive, on termine le cycle de lecture de la Tora et la dernière parasha (zot habrakha à la fin du deutéronome) est la seule section de la Tora qui n’est pas associée à un shabbat, mais est lue particulièrement un jour de fête.
Pour en savoir plus, se rapporter à un guide détaillé de la vie juive.
Yeshaya Dalsace