La question a deux incidences, l’une d’un point de vue éthique et morale, l’autre d’un point de vue pratique.
Point de vue éthique et morale :
On compte dans le Minyan des personnes responsables. On ne compte pas les enfants qui n’ont pas atteint encore l’âge de la responsabilité. On ne compte pas les non-juifs car ils n’appartiennent pas au même système de responsabilité que le nôtre (ce qui n’a rien de péjoratif). Si on compte les personnes responsables, juives et adultes, pourquoi ne pas compter les femmes ?
La réponse est simple : dans le système ancestral du judaïsme, une femme n’est pas considérée comme un être pleinement responsable, elle est toujours soumise à la responsabilité des hommes et souvent mise dans la même liste que les esclaves et les mineurs.
Les juifs orthodoxes considèrent que cet état de fait relève de la volonté divine et qu’il n’y a rien à y changer.
Nous considérons, dans le mouvement Massorti , que le judaïsme a toujours été soumis aux contraintes de l’histoire et des mentalités. Tout en admirant nos rabbins du passé, nous acceptons que leur mentalité est très différente de la nôtre et que certaines de leurs positions ne nous conviennent pas. Notamment sur le statut de la femme.
Est-il tolérable de continuer à ne pas compter les femmes dans le Minyan ?
D’un point de vue féministe, il est extrêmement choquant de ne pas compter une femme dans le Minyan . Cela équivaut à accepter son infériorité ontologique ! C’est pourquoi, un juif sensible à la question du féminisme ne peut que désirer que l’on compte les femmes dans le Minyan , non pas en tant que femmes, mais en tant qu’êtres humains de religion juive responsables.
Notre dilemme consiste à vouloir conserver le cadre ancestral du judaïsme tout en le rendant conforme à nos conceptions éthique et morales. Certains nous répondrons que théoriquement nous avons raison mais que la Halakha , la loi juive, ne saurait le permettre. Nous leur répondrons que pas du tout comme cela est expliqué dans les textes joints.
Point de vue pratique :
Dans les grandes communautés, compter ou non les femmes dans le Minyan , n’apporte pas grand-chose sur le plan pratique car on trouve toujours dix juifs adultes. Par contre, ce n’est nullement le cas dans les petites communautés où le Minyan est souvent difficile à obtenir, ni lors de cérémonies familiales, notamment au cimetière. Dans de nombreux cas, on annulera une cérémonie faute du 10e homme alors que plusieurs femmes sont présentes ! Il y a donc un intérêt pratique évident à compter les femmes dans le Minyan .
C’est donc à la fois pour des raisons théoriques et éthiques, par respect de la femme, et pour des raisons pratiques que nous cherchons à montrer que la Halakha est tout à fait capable de revoir sa copie sur cette question. Aucun obstacle halakhique sérieux ne s’y oppose comme cela est démontré dans le document joint. Le seul obstacle, c’est le machisme très profondément ancré dans nos habitudes, à tel point qu’il en devient une seconde nature et que nous cherchons à excuser et à justifier sous le fallacieux prétexte de respect de la tradition.
Notre point de vue est que justement le respect de la tradition, c’est-à-dire le désir que celle –ci ne perde pas sa pertinence à nos yeux de modernes, nous oblige en tant que juifs et juives responsables, à réfléchir sérieusement à ce genre de questions.
Yeshaya Dalsace
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Pour en savoir plus sur ce genre de questions voir le site
http://www.responsafortoday.com
Version original de la Teshouva en hébreu