Asaf Avidan, dont la voix incroyable est comparée à celle de Janis Joplin ou Robert Plant, a frappé un grand coup en publiant l’album Different Pulses. Un disque porté par le single One Day/Reckoning Song que les radios diffusent en boucle et dont on ne se lasse pas.
Le chanteur israélien, connu dans son pays pour avoir formé le groupe de folk-rock baptisé The Mojos, connaît une notoriété internationale.
Sa passion pour son art semble éminemment forte. « Le fait que je sois Israélien n’a jamais joué un rôle très profond. Cela n’a rien à voir avec ma musique. Je pense que le public en a conscience. Je ne suis pas un artiste israélien mais un artiste qui vient d’Israël. Ce qui est une grande différence. »
Asaf Avidan naît le 23 mars 1980 à Jérusalem. Ses parents, diplomates, travaillent pour le ministère des affaires étrangères israélien. C’est ainsi qu’il passe quatre années de son enfance en Jamaïque. Après avoir accompli les trois ans obligatoires de service militaire en Israël, il étudie le cinéma d’animation à la Bezalel Academy of Arts & Design, à Jérusalem.
Son projet de fin d’études, un court-métrage intitulé Find Love Now, remporte le prix de sa catégorie au Festival du film de Haïfa. Après ses études, Asaf Avidan déménage à Tel Aviv et travaille dans le milieu de l’animation jusqu’à ce qu’il se sépare de sa compagne de longue date. Cette séparation marque un tournant dans sa vie. Il démissionne et retourne vivre à Jérusalem, où il fait de sa passion, la musique, son activité principale.
Assaf Avidan a failli perdre la vie à 21 ans, atteint d’un Lymphome (cancer du sang). Son nouvel album Different Pulses y fait discrètement allusion, dans les remerciements qui incluent « le service hématologie d’Ahadassah Ein Kerem, pour avoir rendu possible que je sois ici à faire de la musique ».
« Cet événement joue évidemment dans mon questionnement sur la mortalité et le sens de la vie, des thèmes présents dans mes chansons. Mais enfant, j’étais déjà préoccupé par la mort et la solitude, j’étais inquiet, hypersensible… Le cancer m’a paradoxalement rendu plus calme. Non que je me lève chaque matin en remerciant le cosmos d’être vivant, mais j’utilise mieux mon temps et je crois être devenu une meilleure personne. »
En 2006, Asaf Avidan sort un premier EP autoproduit, Now That You Are Leaving, composé de 6 chansons évoquant les déceptions amoureuses qu’il a vécues. Il est alors acclamé par la critique.
La musique lui a ouvert des perspectives. « Je pouvais vraiment avoir une émotion et la retranscrire immédiatement, la regarder, comme si je recyclais mes sentiments intimes. Je me suis aperçu que c’était ce que je voulais faire. Cela m’a fourni un outil de plus dans ma thérapie. » « Cela m’a permis de me sentir plus mortel. Cela m’a aidé à me souvenir que je ne suis pas là pour toujours. Mais j’ai toujours eu un problème avec la vie et la mort. » Sa quête ? « Trouver la raison de ma présence ici. Et s’il y a une raison, essayer de trouver de l’espoir. Je pense que cela a toujours été un thème dans mon travail. » Un travail qui ravit désormais des millions de fans.
Certains on moqué sa voix si particulière : « un chat blessé », lui de répondre dans un grand sourire : « "Chat blessé", j’adore ! C’est beau, ça veut dire que je fais passer quelque chose, que les gens remarquent ma présence… Cet écho me prouve que j’existe. »
Asaf Avidan partage la scène, entre autres, avec Robert Plant, Ben Harper, Lou Reed, Bob Dylan...
Si vous avez l’occasion, ne le manquez pas.
Sur la politique israélienne, il a aussi son mot à dire : il déplore notamment la perpétuation de « la paranoïa » : « Dès le moment où on naît, c’est parti, "ces gens sont nos ennemis, ils ont essayé de nous tuer, ils vont nous tuer, les Juifs devraient se cacher", à quoi s’ajoute la propagande sioniste. »
Son père a grandi après-guerre dans un kibboutz, « dans l’opposition à la religion autant qu’au capitalisme », sa mère est issue d’une famille « avec des traditions mais pas vraiment de croyances religieuses », lui-même et ses deux frères n’ont été élevés dans aucun culte. Le passionné de sciences a une théorie :« Seules comptent les différences culturelles, et c’est en agissant sur elles, notamment par l’éducation, que le dialogue avec la Palestine pourrait être relancé. […] Aujourd’hui, les Israéliens achètent des BMW alors que BMW a utilisé des Juifs des camps de la mort comme esclaves : si on a pu surmonter ça, on peut surmonter le conflit Israël-Palestine ! […] Le dialogue avec la Palestine est la priorité, mais il est occulté par les problèmes internes, les difficultés économiques. […] L’an dernier, nous avons été 1 million, sur une population de 6,5 millions, à manifester contre la vie chère, les injustices fiscales, le gouvernement n’a pris aucune mesure… »Le citoyen dépité a envisagé de quitter Tel Aviv pour Paris, avant de rétropédaler en ex-enfant trimballé dans le sillage parental (en Jamaïque, entre autres). « Les tournées m’éloignent déjà beaucoup… J’ai eu peur de ne jamais me sentir "à la maison". »Ajoutons que l’écorché se double d’un écartelé : pro-paix mais patriote, Avidan a eu besoin d’une thérapie pour digérer son renvoi de l’armée, après dix mois de service militaire obligatoire.« Je tenais à servir mon pays. Mais je n’ai pas supporté le système et je me suis mis à faire des cauchemars, à ne plus dormir. » Réformé pour problèmes psychologiques. La « honte » l’a disputé au soulagement.
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J’ai lu avec intérêt votre article sur Asaf Avidan (j’envisageais d’ aller me renseigner sur son compte sur Wikipédia lorsque je me suis rendu compte qu’il était question de lui sur votre site - décidément, le judaïsme massorti s’intéresse à tous les sujets !) Cependant, j’ai cru relever une contradiction (ou alors, c’est moi qui n’ai pas bien compris quelque chose) : en effet, vers le début de l’article, vous écrivez qu’il a accompli les trois ans obligatoires de service militaire en Israël, puis à la fin, qu’il a été réformé pour problèmes psychologiques au bout de dix mois de service.
Quoi qu’il en soit, j’ai appris beaucoup de choses sur ce chanteur. Merci !