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The bubble

The bubble

Un film d’Eytan Fox -

Un film narcissique sur un petit monde plein de bonnes intentions « la bulle » de la rue Shenkin, mais quel ennui !

Noam, Yali et Lulu, partagent un appartement dans "la bulle", quartier trendy d’une ville tournée vers l’Occident. La jolie Lulu (Daniela Wircer), vendeuse dans une boutique de produits de beauté, n’a pas la langue dans sa poche et venge ses déboires sentimentaux sur les clients. Yali (Alon Friedmann) est gérant de café, gay, un tantinet sarcastique et raisonnablement excentrique. Noam (Ohad Knoller, vu dans Munich) travaille dans un magasin de disques, il rentre d’un séjour obligatoire sous les drapeaux, en poste à un checkpoint. C’est là qu’il a rencontré Ashraf (Yousef Sweid). Celui-ci le rejoint à Tel-Aviv, bouleversant un quotidien rattrapé par la réalité politique et sociale.

Autant j’avais aimé le dernier film d’Eytan Fox le réalisateur de Tu marcheras sur l’eau, qui était vraiment très bon ; autant « The Bubble » m’a profondément déçu. Fox tente d’éveiller les consciences, ses intentions sont louables. Contre l’occupation, contre le terrorisme, contre l’homophobie, pour l’amour entre les peuples et envers le genre humain quel qu’il soit. Mais c’est raté, car à force de dégouliner de bons sentiments et de clichés, on fini par ne plus y croire du tout et se détacher totalement du scénario.

Le seul intérêt de ce film est de montrer un petit monde telavivien qui effectivement existe. Mais la petite bulle des homos sympas de la rue Shenkin n’a pas de quoi séduire le grand public. J’avoue que les bécotages de garçons, avec tout le respect, cela va cinq minutes… Sans compter quelques petites parties de sodomie, afin de laisser passer le message que tout cela est tout à fait normal. On veut montrer qu’on est une société ouverte, qu’on ose faire et filmer crûment ce que d’autres n’osent qu’évoquer… Fox tombe dans le défaut d’un certain cinéma israélien, qui en réaction contre un certain puritanisme, se sent obligé de faire dans le cru et le charnel sans mesure. La seule différence c’est que lui étant homo, il parle des homos. Avec tout le respect, je me fiche de ce qui se passe sous la couette des autres, homos ou pas. Sauf à voir un vrai film érotique talentueux, mais ce n’est nullement le cas ici.

Pour ce qui est du conflit, il est traité avec le même manichéisme. Aucune originalité. Du déjà vu et revu pour ne pas dire grand-chose. Scènes aux barrages. Terrorisme. Bavures… Tout cela pour amener à quoi ? Une explosion amoureuse suicide qui illumine d’amour les deux amants : l’arabe kamikaze et le juif soldat à ses heures… Quel mélo ! Scénario invraisemblable et message douteux pour finir.

Même le jeu des acteurs n’est pas génial à part leur homosexualité très crédible….

Grand prix du public à Berlin, on se demande pourquoi ? Ou quel public ?

Le seul mérite de ce film, c’est de casser un peu le cliché de gros dur méchant de l’Israélien ou encore de nous rappeler que le conflit gangrène tout, mais l’avait-on oublié ? Insuffisant.

Yeshaya Dalsace

Interview d’Eytan Fox (extraits) :

Toutes les scènes au check point ont été difficiles à tourner. Par la suite, nous avons construit nous-mêmes un faux check point, similaire à celui qui existe. En revanche, toutes les scènes qui sont supposées se dérouler en Palestine ; nous ne les avons pas tournées là-bas mais dans un petit village pas loin de Tel Aviv. Pendant le tournage, ça n’a pas été une partie de plaisir : la population ne savait pas si nous étions pro-palestinien ou pro-israelien et demeurait très méfiante à notre égard. L’homosexualité est un thème qui demeure tabou. Mon assistant réalisateur qui était palestinien était inquiet sur ce débat. Je lui ai alors dit que si les gens venaient lui demander de quoi nous traitions, il n’avait qu’à me les renvoyer vers moi pour que je les rassure. A Tel Aviv, il y avait moins de pression mais on ne s’en rend compte tant que la ville souffre de l’image que l’on renvoie souvent d’Israël. Les minorités sont acceptées mais les gens de cette ville doivent se battre durement pour créer cette bulle. On voit beaucoup de night-clubs gays, très modernes. L’atmosphère est seine, amicale. Tel Aviv appartient à ces villes ouvertes d’esprit comme Paris ou New York où les différences se vivent bien. Les jeunes de Tel Aviv revendiquent cette influence : ce sont eux qui façonnent la ville sur ce système. Mais la bulle est un moyen pacifique de se protéger contre les menaces du monde. C’est un point positif en Israël dont les médias ne rendent pas nécessairement compte. Allez dans la rue et demandez aux gens ce qu’ils retiennent de ce pays : ils vous parleront de guerre, de tanks et de check point.

Avec The Bubble, vous avez eu envie de briser des images tenaces ?

Il y a surtout une volonté de montrer une réalité plus complexe. Dans le film, je souligne que les jeunes de Tel Aviv possèdent une énergie positive et l’envie de s’aimer les uns les autres, qu’on soit gay, palestinien, hétéro ou autre. C’est une manière comme une autre de faire évoluer les mentalités. Si dans mon film, je n’avais présenté que des jeunes difficiles et peu aimables, assurément, je n’aurais pas appuyé la touche d’espoir qui existe. Les jeunes ne veulent pas vivre comme leurs parents ou leurs grands-parents, mais différemment. Cela témoigne d’un refus de vivre avec une laisse mais de respirer. Les gens de Tel Aviv sont conscients de l’image d’Israël dans le monde et ça, on ne le dit pas. Tous les jeunes font l’armée pendant trois ans et sont forcément conscients des enjeux politiques.

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