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Les Citronniers

Les Citronniers

film israélien d’Eran Riklis -

Le conflit israélo-palestinien raconté à travers des arbres

Avec "Les Citronniers", le réalisateur de "La Fiancée syrienne" Eran Riklis signe une nouvelle fable humaniste sur l’absurdité des frontières qui séparent les Israéliens des Palestiniens et livre deux beaux portraits croisés de femmes.

Salma Zidane (Hiam Abbass) est une villageoise de Cisjordanie qui vit à proximité de la ligne verte séparant Israël des territoires occupés.

L’unique richesse de cette veuve, qui vit seule dans sa ferme après avoir élevé ses enfants, est le champ de citronniers légué par son père.

Un jour son voisin, le ministre de la Défense israélien (Doron Tavory), lui intime l’ordre de raser les arbres pour assurer sa propre sécurité.

Malgré ses faibles moyens financiers, Salma engage un jeune avocat (Ali Suliman, excellent) et s’apprête à faire valoir ses droits devant un tribunal voire si nécessaire devant la plus haute juridiction d’Israël, la Cour suprême.

Alors que la bataille autour des citronniers de Salma fait rage, tournant à l’embroglio politique, juridique et médiatique, l’épouse du ministre, Mira (Rona Lipaz-Michael), est ébranlée par la dignité de Salma, qu’elle observe de loin.

Sorti en 2005 et primé aux Festivals de Locarno et Montréal, "La Fiancée syrienne" mettait en scène une jeune femme druze originaire du plateau syrien du Golan - conquis par Israël en 1967 et annexé en 1981 -, que son mariage avec un Syrien condamnait à ne plus pouvoir retourner dans son village.

Cette fois, dans son sixième film, Eran Riklis a voulu, dit-il dans une note d’intention, "passer du confort relatif sur les hauteurs du Golan à la situation explosive qui sépare les Israéliens des Palestiniens".

Après s’être documenté sur les litiges opposant des citoyens palestiniens à Israël, il a imaginé la situation hautement symbolique des "Citronniers".

Echappant à tout schématisme, Riklis réussit à livrer un aperçu des contradictions de la société israélienne, mais aussi palestinienne à travers le prisme de deux personnages féminins admirablement campés.

Bien qu’issue d’une société musulmane traditionnelle qui assigne aux veuves un rôle strict de gardienne de la mémoire du mari défunt, Salma s’émancipe dans le privé de la tutelle exercée par les hommes, en se laissant aller à une idylle, joliment esquissée, avec son avocat.

De son côté Mira, l’épouse du ministre, sent ses certitudes s’effriter face aux conséquences cruelles de la frontière absurde et de plus en plus étanche qui sépare chaque jour les Israéliens des Palestiniens.

Par un montage alterné qui dresse un portrait tout en nuances de chacune des deux femmes, Eran Riklis écrit, en négatif, l’histoire de l’amitié qui aurait pu naître entre elles, glissant aussi ici et là quelques touches d’humour.

Cette belle fable est portée par la grâce des deux actrices et l’humanisme du propos du cinéaste qui peut paraître un peu appuyé, dans certaines scènes à portée symbolique.

Extrait de la critique du Monde :

Les Citronniers illustre de façon démonstrative l’incompréhension et la défiance qui rongent les populations. Le grillage (avec mirador) dressé entre Salma et le ministre Navon figure le mur dressé entre les deux communautés, les arbres menacés de déracinement sont "comme des êtres humains", le combat de Salma devant la Cour suprême exprime une foi dans la justice.

Faisant de cette histoire une parabole sur le choix d’un "enjeu stratégique majeur", le film n’élague pas la complexité politique sous-jacente. Se polarisant sur deux personnages féminins, il regarde sciemment ce conflit du point de vue d’opprimées pacifiques. Les Citronniers est en effet l’histoire de la naissance d’une complicité entre deux femmes qui n’ont pas la parole. Salma, la Palestinienne, n’est pas seulement mise en cage par les occupants : cette femme voilée est sommée par son propre peuple de stopper ses relations affectives avec son jeune avocat. Parquée dans une prison de femme au foyer, Mira, l’épouse du ministre israélien, finira par prendre fait et cause pour sa voisine.

Riklis insiste sur les regards que s’échangent l’une et l’autre, le désir de dialogue (brimé) de celle qui incarne la force. Il se clôt par une condamnation des attitudes mâles. Seules les femmes sont-elles à même de faire de cette région un verger ?

Article sur l’actrice Hiam Abbass :

http://www.lemonde.fr/cinema/articl...

Messages

Les Citronniers

C’est, à ma connaissance, le premier film israélien de fiction qui développe un vrai point de vue palestinien.

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