Réponse :
La règle selon laquelle c’est à un rabbin qu’il revient d’officier à une cérémonie de mariage apparaît seulement pendant le moyen âge. Nous en entendons parler pour la première fois en Égypte au douzième siècle puis un peu plus tard en Allemagne au quatorzième siècle. Sur un plan strictement légal, il n’y pas de place pour une tierce partie pendant une cérémonie de mariage. En effet, selon la Halakha (Loi Juive), la règle au sens strict, en droit fondamental, la cérémonie des Kiddouchin (consécration maritale) peut être définie comme une transaction privée entre le fiancé et la fiancée, en présence de témoins mais sans l’intervention nécessaire d’un rabbin . Quand la présence et l’intervention d’un rabbin apparaissent dans la littérature achkénaze, elles sont liées au besoin d’affirmer l’autorité du rabbin sur la communauté en tant que garant de l’observance et de la validité des rites. De plus, un dictum talmudique concerne notre sujet : « Rabbi Yehouda a dit au nom de Samuel : Une personne qui n’a pas les compétences en matière de Guittin (règles du divorce) et Kiddouchin ne devrait en aucun cas s’en charger » (Kiddouchin 6a). Selon la formulation, s’il a été nécessaire de rappeler à l’ordre, c’est bien parce que de simples personnes célébraient des unions maritales et qu’un rabbin ne présidait pas en quelque façon à la cérémonie.
Toutefois, bien qu’il n’existe pas d’obligation formelle de faire appel à un rabbin pour effectuer un mariage juif, il y a de bonnes raisons d’y avoir recours, en raison des compétences requises. Tout d’abord, il y a des considérations un peu techniques à tout mariage qui requièrent certaines connaissances et un savoir-faire, sans lesquelles les Kiddouchin risqueraient de ne pas être valides. Ensuite, à notre époque, où l’écart entre les juifs et la Tradition est si grand, un couple qui souhaite se marier doit pouvoir disposer d’un minimum d’orientation. Il doit notamment pouvoir réaliser l’importance et même le rôle central de la famille juive tant idéologiquement qu’halakhiquement. C’est là toute l’importance de la présence et des conseils du rabbin avant le mariage et pendant la cérémonie.