Le chantre Rabinowitz furieux d’avoir trouvé son fils Jackie en train de chanter dans un bar, l’a chassé du foyer familial.
Quelques années plus tard, Jackie est chanteur de jazz dans un night-club et se fait appeler Jack Robin. Il est remarqué par l’actrice Mary Dale, qui se propose de l’aider à faire carrière.
Et en effet, Jackie est propuslé sur les scènes de Broadway pour y faire un nouveau spectacle, un spectacle qui le rendrait à coup sûr la nouvelle star de la chanson.
Mais le concert tombe le jour de la Yom Kippour, et le père de Jackie, très malade, est donc incapable de chanter. Sa mère et un voisin essaient de convaincre Jackie de renoncer à son show et participer à la célébration.
Incapable de résister, il se précipite à la synagogue pour y chanter le Kol Nidre, la prière traditionnelle. Son père meurt dans la joie. Quelques années plus tard, Jackie est de nouveau sur les planches et obtient un immense succès, sous le regard de sa mère.
Un film historique
La voix d’Al Jolson qui joue le rôle de Jackie Rabinowitz était la première à être entendue dans un long métrage ; elle provoqua un tonnerre d’applaudissements.
Au départ, Al Jolson ne devait chanter que cinq chansons et entonner quelques thèmes religieux. Pour les producteurs, il fallait absolument éviter le langage parlé au milieu des morceaux. C’est pour cela que l’histoire y est encore racontée à l’aide de cartons et de sous-titres.
Cependant, lors de la chanson Blue Skies, l’acteur se lança dans une véritable improvisation non prévue dans le scénario : un dialogue avec sa mère (Eugénie Besserer). Cette intervention de la part d’Al Jolson eut pour effet de dégeler le mythe du film sonore et permit aux autres de se lancer dans le « parlant ».
En résumé, ce Chanteur de Jazz ouvrit simplement une porte sur un genre nouveau qui allait faire ses preuves pendant plusieurs décennies.
La réplique "Attendez un peu, vous n’avez encore rien entendu" a été classée 71e parmi les 100 répliques les plus connues du cinéma américain.
Mais ce film est aussi une magnifique mise en scène du sentiment de judéité, de l’attirance vers la sécularisation, du retour et de l’amour de la transmission.
Un acteur star
Jolson, l’acteur principal est né Asa Yoelson le 26 mai 1886 à Seredžius, en Lithuanie, dans l’Empire Russe. Cette date a été en fait choisie arbitrairement et on suppose qu’il était en réalité plus âgé. Pour fuir les persécutions anti-sémites en Russie, ses parents, Moshe Reuben Yoelson et Naomi Ettas Cantor, prirent la décision d’émigrer en Amérique avec leurs enfants. Le père devint rabbin à Washington ; le jeune Asa, en rupture avec la tradition familiale, commença à s’intéresser à la chanson populaire américaine. Prenant le nom "plus américain" de Al Jolson, il forma équipe avec son frère Harry dès 1898 ; ils se produisaient dans les petites salles des circuits de vaudeville, et commencèrent à enchaîner les tournées. Les éléments biographiques qui se retrouveront ensuite dans The Jazz Singer sont déjà là, du refus de la tradition jusqu’au travestissement de son identité sous le maquillage du blackface.
C’est en 1904, alors qu’il joue dans les salles de vaudeville avec son frère Harry, que Jolson utilise pour la première fois le blackface, apparemment sur la suggestion d’un autre comédien. Ce travestissement devait compléter l’accent du sud du personnage que Jolson interprétait dans le numéro. Cette idée a aussitôt accru le succès de la troupe ainsi que la confiance du jeune Jolson. Jolson s’inscrivait ainsi dans une longue tradition américaine, le blackface étant au début du XXe siècle une convention théâtrale bien établie. Son but n’était pas de faire croire que les acteurs qui l’utilisaient étaient des noirs ; elle renvoyait à tout un répertoire de chansons et d’attitudes bâti dès le milieu du XIXe siècle. Ce stéréotype répandu sur toutes les scènes de vaudeville aux USA, n’était qu’un code parmi d’autres fondés sur la représentation comique ou grotesque des étrangers (juifs, irlandais).
Pour Jolson, c’était un masque qui lui permettait de cacher ses angoisses, et ses propres origines juives. Ce subterfuge donnera de l’ampleur à sa personnalité, de plus en plus flamboyante. En définitive l’accent du sud qu’il avait adopté et cultivé faisait partie de ce masque, une sorte de « blackvoice » qui cachait les vestiges de son accent yiddish et lithuanien.
Le succès de Jolson grandit dans ce contexte ; il a alors l’occasion de se perfectionner en tant qu’interprète, en apprenant à utiliser son corps entier, à ouvrir ses bras vers le public et à bouger sa tête pour ponctuer le rythme de la musique, rompant ainsi avec les poses immobiles des chanteurs de l’époque. Dans les salles plus modernes et mieux illuminées, il prend conscience de la présence devant lui du public. Un jour il donne l’ordre aux électriciens d’allumer les lumières dans le théâtre, gommant ainsi la séparation entre la scène et la salle et faisant participer le public à son bonheur de chanter. Les réactions positives l’encouragent. C’est là une trouvaille essentielle dans sa carrière, un des éléments méta-théâtraux qui caractériseront son style.
Pour réaliser le premier film parlant, les frères Warner choisirent une pièce à succès de Broadway, The Jazz Singer. Jouée depuis 1925, elle avait George Jessel dans le rôle principal. L’intéressant était que la pièce avait été inspirée à son auteur, Samson Raphaelson, par le spectacle de Jolson Robinson Crusoe, Jr, et contient des éléments empruntés à la biographie de Jolson. Elle narre l’histoire du jeune Jakie Rabinowitz qui, enfant, refuse de chanter dans la sinagogue avec son père cantor et préfère les saloons où on joue des tubes populaires. Renié et chassé par son père, il quitte la maison familiale et entame alors une carrière dans le vaudeville sous le nom de Jack Robin. Plusieurs années passent et Jack décroche un rôle à Broadway ; revenu à New York, il revoit sa mère, mais pas son père qui refuse de l’accepter. Le soir de la première, le père est à la maison mourrant ; la mère implore Jack de revenir et de chanter dans la synagogue’
Les producteurs approchèrent d’abord Jessel pour le rôle, qui accepta à condition d’obtenir plus d’argent. Mécontents, les producteurs décidèrent qu’à prix équivalent, ils pouvaient s’offrir la plus grande star du moment : Jolson interpréta donc l’histoire du fils du cantor qu’il avait inspirée initialement.
Le film avait été conçu initialement comme un film muet traditionnel avec insertions sonores des chansons et moments musicaux. Cela représentait une avancée significative par rapport au film Don Juan, avec John Barrymoore, sorti en 1926, premier film à disposer d’une bande son synchronisée, avec musique et bruits (mais sans aucune voix humaine). Ce film avait été une réussite mais la reproduction de la voix des acteurs était attendue comme une suite logique. Pourtant il y avait des réticences dans l’industrie, et des voix nombreuses se levèrent pour affirmer la vulgarité de cette innovation ; pour beaucoup, le parlant signifiait l’anéantissement de l’art du film (par essence muet et imagé). C’est certainement la présence de Jolson au générique qui allait permettre de dépasser ses réprobations.
Le film fut tourné rapidement, en huit semaines entre aout et septembre 1927, de manière à assurer sa sortie en octobre. Spontané et instinctif, cherchant à affirmer sa personnalité débordante, Jolson improvisa dès la première scène chantée : avant d’entamer Toot Toot Tootsie, il commença par s’adresser au public et à donner des instructions au chef d’orchestre. Ce furent les premiers mots entendus dans un film de long métrage.
Wait a minute, wait a minute, you ain’t heard nothin’ yet. Wait a minute I tell ya, you ain’t heard nothin’. You wanna hear "Toot, Toot, Tootsie" ? Alright. Hold on. Hold on. Lou, listen. Play "Toot, Toot, Tootsie"’three choruses, you understand ? In the third chorus, I whistle. Now give it to ’em hard and heavy. Go right ahead.
Réalisateur : Alan Crosland
Chanteur de jazz
envoyé par 7kultcom. - Court métrage, documentaire et bande annonce.
Participe également l’immense Hazan Joseff Rosenblatt.
Un remake avec Neil Diamond
Rien à voir avec le talent de l’original...