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Je ne vous oublierai jamais

Je ne vous oublierai jamais

La Shoa à Marseille -

Hélas, le sujet ne trouve pas un résultat à la hauteur de l’ambition. Mais le film aborde la Shoa sous un angle intéressant.

En 1941, à Marseille, un jeune juif polonais venu suivre ses études de médecine compte faire venir sa mère et ses sœurs en France, puis organiser leur embarquement pour l’Argentine.

Son oncle bruxellois lui apprend par une lettre que celles-ci ont été embarquées par la Gestapo et conduites dans un camp, qu’il ne faut plus compter les revoir.

Alors qu’il s’éprend d’une chanteuse d’opérette dont le protecteur, haut fonctionnaire pétainiste, occupe un poste clé à la Préfecture, le jeune homme se met à vivre dans un déni hallucinatoire. Il voit débarquer les trois disparues à la gare, leur fait partager son logis, s’emploie dans le monde d’arnaques et de suspicions de l’époque à leur obtenir billets de bateau, papiers, visas, sauf conduits.

L’histoire est d’autant plus belle qu’elle est vraie. C’est celle du père du cinéaste, qui dépeint l’écartèlement du personnage principal, entre le réel de son histoire sentimentale et la fiction freudienne où le plonge sa douleur. A ses yeux, ces trois fantômes existent, possessifs, odieux à son égard, l’accusant sans cesse de ne penser qu’à lui. Ils le renvoient à la même culpabilité que celle qu’il éprouve à l’égard d’une juive allemande cachée sous les toits de son immeuble et dont il a indirectement provoqué la mort.

L’ambition du projet est inversement proportionnelle au résultat, et l’on guette en vain que quelque chose se transcende et ne se heurte qu’à la mise en scène poussive d’une dramatique télé. L’auteur rate l’occasion d’évoquer les activités militantes de Varian Fry, cet américain installé à Marseille qui aida de nombreux intellectuels juifs à se cacher et à fuir l’Europe (il n’est mentionné dans le film que très anecdotiquement), et échoue particulièrement dans sa représentation des trois femmes qui hantent l’inconscient du héros.

Film français de Pascal Kané avec Rudi Rosenberg, Fanny Valette, Pierre Arditi (1h25).

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