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Une délégation chinoise à Jérusalem

Une délégation chinoise à Jérusalem

Des chinois intéressés par les sources de la sagesse juive ont choisi de visiter l’école rabbinique massorti   à Jérusalem... Anecdotique, mais amusant.

Des chinois viennent en Israël étudier les secrets de la sagesse juive

Par Roï Chiki Arad (journal Haaretz)

Si un étranger était entré à l’institut Schechter   de Jérusalem mardi dernier et avait observé l’enthousiasme des visiteurs chinois envers tous les sujets juifs et israéliens, il aurait certainement cru qu’Israël est un pays empli de génies, et que son système d’éducation est un véritable miracle. Les visiteurs étaient si ravis et excités que tous les témoins de la scène se sont gardés de leur ouvrir les yeux.

J’étais assez sceptique lorsque j’ai entendu dire qu’un groupe de chinois venait dans le seul but d’apprendre comment éduquer des enfants « qui deviennent intelligents comme nous ». « Ils ne sont pas comme les juifs américains qui baillent aux corneilles, ils s’émeuvent et photographient tout le temps » m’annonça Linda Price, porte-parole de l’institut Schechter  . J’entrais dans la salle de conférence à l’instant même où on leur projetait des diapositives sur la haggadah de Pessah. Des cris d’émotions s’élevaient dans le public. Lorsque la professeure Shula Ledermann, une dame avec une longue chaîne en or autour du cou, annonça qu’elle offrait au groupe un exemplaire de la Haggadah, la joie se fit sentir dans le groupe.

Je me sentis soudain comme un vilain petit canard, qui découvre qu’en fait il a toujours été un cygne. Les chinois notaient chaque mot, photographiaient chaque diapositive et nombre d’entre eux levaient les mains pour poser des questions, comme s’il s’agissait du sujet le plus urgent qui soit et non pas des quatre questions du seder de Pessah. Ils ne laissaient aucun répit à Shula, et toute leur admiration faisait penser qu’ils s’adressaient à une superstar. Puisque je n’avais pas l’air occupé, tous me demandaient de les photographier à côté d’elle près de la bibliothèque en métal.

Hu Jum Pay, éditeur, est un des plus enthousiastes du groupe. Lorsqu’on en arrive à parler du Chofar, son émotion l’empêche de rester assis. Il raconte avoir édité une dizaine de livres sur le génie des juifs. Sa carte de visite présente une ménorah en guise de logo. Il me montre quelques journaux dans lesquels apparaissent des articles sur ses livres et me dit que chacun s’est vendu entre dix et vingt mille exemplaires. J’ai l’impression de ne pas être dans le bon pays, et me dit que si j’allais en Chine avec un chofar sous les bras je pourrais rapidement devenir célèbre et populaire.

David Golinkin, le directeur de l’institut, prend la parole après Shula Ledermann. Après avoir débuté par un tonitruant "Bonjour" en chinois et reçu un tonnerre d’applaudissements, il dévoile que son fils apprend le chinois, et l’enthousiasme est à son comble. Lorsqu’il s’entoure du Talith  , tout le monde le photographie comme s’il s’agissait d’un mannequin célèbre. Peu après il présente une mézouza et tout le monde s’étonne lorsqu’il explique qu’on l’écrit sur de la peau de bête. Quelqu’un demande pourquoi ce doit-être fait sur de la peau d’âne, et après un instant de surprise, il corrige patiemment la traduction. "On a l’impression qu’ils vont tous devenir juifs" me dit Linda Price.

Price tente d’atténuer les illusions du public, mais sans briser leur rêve trop violemment. Lorsqu’ils demandent pourquoi tous les juifs sont intelligents, elle explique que c’est "parce qu’en étudiant la Torah ils s’exercent l’esprit", mais "moi, je ne suis pas si intelligente que cela".

 "Donc, vous n’êtes pas juive ?" Demandent les chinois qui n’ont pas entendu parler de juifs pas intelligents.

 "Je suis juive mais pas intelligente"

Linda Price me raconte que lors d’un voyage elle a découvert que les chinois qui découvrent des préjugés antisémites du genre "tous les juifs sont riches" voient en cela quelque chose de positif et de digne d’admiration.

 "Ils ne savent pas ce qui se passe ici ?"

 "Ils n’en savent rien"

 "Vous avez raison, ne leur disons pas la vérité dès le premier jour"

 "Oui, leur naïveté est très touchante"

Les chinois sont tellement enthousiastes, que lorsque l’employé chargé de ranger le Sefer Torah apparaît, ils le considèrent lui aussi comme un génie et un saint. Le concierge se fait gentiment photographier avec tout le monde en train d’embrasser la mézouza, et se retrouve en position de star internationale.

Avant de partir, je demande à Nashad, le chauffeur arabe de l’autobus, si lui aussi trouve que les israéliens sont si intelligents : "pas tellement" dit-il tristement.

http://www.schechter.edu

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