Autrement dénommée ‘hag haqatsir (fête des moissons), yom habikkourim (jour des prémices) ou z’man matan toratenou (temps du don de notre Torah), Shavouoth commémore la liberté réelle qu’a constitué, pour les Hébreux, le don de la Torah. Entre la sortie d’Egypte et la théophanie sinaïtique, les Hébreux étaient libres physiquement, mais intellectuellement ils portaient encore les stigmates de l’esclavage (il faudra, en vérité, une génération entière et quarante ans d’errance dans le désert pour les en libérer complètement) et ne disposaient pas de la Loi pour les en affranchir.
Fêter Shavouoth est une manière solennelle de renouveler, de réactualiser, de réactiver l’Alliance et l’engagement de respecter les mitsvot ; c’est tout aussi important que de fêter Pessa’h puisque la véritable liberté, selon le judaïsme, s’acquiert en respectant la volonté divine contenue dans la Torah. Comme à Pessa’h où tout Juif doit se sentir personnellement sorti d’Egypte, tout Juif doit se sentir au pied du Sinaï à Shavouoth.
Halakha
Shavouoth est un yom tov (jour de fête chômé) : comme tel, il est donc soumis aux mêmes restrictions que shabbath sauf :
– on peut utiliser le feu, mais pas le créer (par exemple, il est permis d’allumer une cigarette à l’aide d’une flamme qui a été créée avant l’entrée du yom tov)
– on peut cuisiner pour le jour même
– on peut porter du domaine public au domaine privé et vice versa
Lectures de la Torah : Ex 19,1→20,23, ce qui inclut les Dix Paroles pendant la lecture desquelles on se lève ; Maftir : Nb 28, 26-31 rappelant les sacrifices du jour ; Haftara : Ez 1,1-28 + 3,12 ; livre de Ruth (qui constitue une des cinq meguillot).
Lectures du deuxième jour (en Diaspora, dans les communautés doublant la fête) : Dt 15,19 (ou 14,22 si shabbath)→16,17 ; Même maftir qu’au premier jour ; Haftara : Hab 2,20→3,19 (+ livre de Ruth, selon les rites).
On chante le Hallel (c’est-à-dire, les Psaumes 113 à 118) pour louer l’Eternel.
Pourquoi lit-on le livre de Ruth ?
L’agriculture y joue un rôle important : or Shavouoth tout comme Pessa’h et Soukkot est une fête agricole. Mais il faut surtout voir dans cette lecture la volonté de nos Sages de rendre hommage à l’arrière-grand-mère du roi David qui fut la première prosélyte (convertie au judaïsme) officielle de l’histoire. L’histoire de Ruth montre une fois de plus l’universalisme de la Torah que tout non-Juif peut décider d’adopter s’il le souhaite sincèrement. La célèbre réplique de Ruth à sa belle-mère qui veut l’en dissuader est devenue emblématique de la conversion au judaïsme :
« N’insiste pas près de moi, pour que je te quitte et m’éloigne de toi ; car partout où tu iras, j’irai ; où tu demeureras, je veux demeurer ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu ; là où tu mourras, je veux mourir aussi et y être enterrée. Que l’Eternel m’en fasse autant et plus, si jamais je me sépare de toi autrement que par la mort ! » (Ruth 1,16-17).
Coutumes
Tikkoun leil Shavouoth (réparation de la nuit de Shavouoth) : il est de tradition, la nuit de Shavouoth, de veiller et d’étudier jusqu’au petit matin. Le Midrash raconte que les Hébreux étaient épuisés et endormis peu de temps avant la proclamation des Dix Paroles, tant avaient été intenses pendant trois jours leur préparation, leur ferveur et leur attente : chaque année, nous compensons cet assoupissement par une nuit d’étude.
La consommation de produits lactés : plusieurs explications viennent éclairer cette tradition :
→la Torah est comparée au lait nourricier
→l’empilement de plusieurs fromages permet de symboliser le mont Sinaï
→la guematria de חלב (lait) est 40 : rappel des quarante jours passés par Moïse en haut du Sinaï pour recevoir la Torah, et des quarante années d’errance des Israélites dans le désert
→le peuple était tellement occupé à se préparer au don de la Torah que le temps manquait pour la préparation de la viande
→la saison se prête mieux à des mets plus légers
On décore la synagogue, les habitations avec des fleurs : selon le Midrash , le Sinaï se serait recouvert de fleurs, comme enchanté par les Dix Paroles…
Guershom
Drasha sur Shavouot du rabbin David Touboul
Dans la Torah, la fête de Chavouôt est appelée Hag habikourim (la fête des prémices), et possède essentiellement un caractère agricole. C’est à une tradition postbiblique que nous devons de célébrer et commémorer à Chavouot le don de la Torah sur le Mont Sinaï, acte fondateur du peuple juif en tant que partenaire d’une alliance avec Dieu.
Un évènement en deux actes : libération de l’esclavage en Egypte et don de la Torah sur le mont Sinaï.
Chavouôt est donc une fête à double facette : à la fois agricole et spirituelle.
De prime abord, ce lien peut paraître superficiel et sans rapport direct. Les historiens nous disent que les rabbins ont cherché à donner un caractère spirituel à cette fête après la destruction du second Temple (impossibilité de venir offrir les prémices) et la perte du lien direct entre le peuple juif et de sa terre due au long exil. Pour ne pas "oublier" cette fête il aurait fallu lui donner un nouveau sens, plus abstrait.
Cette explication est évidemment en partie vraie, mais seulement en partie. Car le lien entre agriculture et Torah est beaucoup plus fort que l’on croit.
Une certaine tradition résume l’importance du don de la Torah au respect des règles d’éthique économique symbolisée par les lois de l’année sabbatique et du jubilé : tous les sept ans la terre doit être laissée en friche, et les parcelles de terrain reviennent à leur propriétaire originel tous les cycles de sept fois sept ans, ce qui évoque évidemment le cycle de sept fois sept jours entre Pessah et le don de la Torah.
De même, ces lois agricoles s’accompagnent de nombreuses autres mesures sociales : après les mitsvot de prélèvement des impôts destinés aux Cohen et aux Lévy, il y a la règle des prélèvements destinés aux pauvres et à ceux qui n’ont pas de famille, les commandements de ne pas récolter une partie du champ (et donc de le laisser à ceux qui ne possèdent pas de terre) ainsi que celui d’autoriser qui le souhaite à « glaner » la récolte, c’est-à-dire à ramasser les épis tombés à terre.
Ces mitsvot sont directement liées à la fête de Chavouôt et représentent le sens et l’essence du projet divin : en Egypte, les bergers nomades ont été opprimés par des agriculteurs, qui considèrent leur lien à la terre comme un droit naturel, et qui ne leur ont donné aucune chance de s’intégrer, de vivre ensemble et de coexister paisiblement. Si Dieu a libéré nos ancêtres de l’oppression, c’est pour prouver à la face du monde qu’il est possible de réaliser un projet de société mixte : sédentaire et agricole tout en conservant les valeurs d’accueil et d’entraide des nomades.
Rabbin David Touboul (Maayane Or Nice)
Messages
lipitor 63587 car insurance quotes nledkt cheap car insurance oywct
Voir en ligne : http://www.carinsuranceli.com/