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Vision existentielle de Bereshit

Vision existentielle de Bereshit

La Parasha   Bereshit peut être abordée sous l’angle du mythe de la création. C’est un sujet passionnant.

Les créationnistes et les fondamentalistes prennent ce récit au pied de la lettre, c’est absurde mais certaines personnes refusent de décoller du sens premier.

Abordons ce récit d’une tout autre manière. Réfléchissons à ce qu’il provoque en nous, aux questions existentielles qu’il soulève.

Tout d’abord, il affirme l’idée de commencement, donc de finalité également. Cela peut paraître une évidence, mais toute civilisation, tout individu, doit se poser la question de son origine et de son devenir. Celui qui perd ce genre de repères, ne sait plus où il en est et risque de dériver dans un présent vide de sens.

Tout commence par la lumière. Cette lumière est la lumière spirituelle. Chaque chose que nous faisons dans notre vie devrait être éclairé de cette lumière-là. Ne jamais faire quelque chose sans avoir commencé par le principe fondamental « que la lumière soit ». Nous sommes là pour ajouter de la lumière et non pas du chaos ou du vide.

Chaque jour de la semaine possède une fonction propre. Le récit de la création reflète le rythme de la semaine dans lequel nous vivons. Il vient donc plus nous en apprendre sur nous-mêmes et notre propre créativité que sur la création elle-même. Bien entendu nous ne sommes pas Dieu, mais nous devons également créer et mettre en place. Dans l’idéal, nous ne devrions pas passer une journée de la semaine sans avoir la satisfaction d’avoir réalisé quelque chose d’important, même si cette chose reste une petite chose. Chaque soir nous devons en faire le bilan et pouvoir dire, c’est bien.

Le couronnement de la création se trouve dans le jour du shabbat. Celui –ci prend tout son sens par rapport à la pratique humaine et au respect de l’esprit et des interdits de shabbat. Sommes-nous capables une fois par semaine de vraiment faire retour sur nous-mêmes ? De renoncer à notre force de création ? A notre désir de matérialisme ? De laisser s’exprimer notre part contemplative ? De laisser place au spirituel et à la socialité gratuite ?

Tout au long du premier récit de la création, Dieu ne cesse de séparer : l’obscurité de la lumière, le chaos de l’ordonné, le ciel de la terre, les eaux, etc… Il est clair que nous devons également apprendre à séparer : l’essentiel de l’accessoire, le bien du mal, le matériel du spirituel, le nécessaire du superflu… Il faut fuir la confusion pour chercher l’art de la distinction. La distinction est le chemin vers le meilleur.

Chaque fois que Dieu crée quelque chose, il affirme que c’est bien. Nous devons également être capable de voir tout le bien que nous sommes capables de faire. Nous devons également juger nos propres actions, même imparfaites, d’un œil positif. Dans cette histoire Dieu est un optimiste, qui par la suite sera déçu par son œuvre. Sans être naïf, nous devons rester optimistes et être satisfaits de tout ce que nous arrivons à faire chaque jour.

L’être humain est créé homme et femme. Toute la création se trouve sous le signe de la dualité sexuelle. Nous ne devons donc pas culpabiliser de la sexualité qui est une des plus belles choses. Nous ne devons donc pas nous enfermer dans une solitude égocentrique. Mépriser les hommes ou les femmes du fait de leur sexe. Il n’y a aucune place au machisme. La femme reste l’égal de l’homme et son partenaire incontournable et réciproquement.

Le deuxième récit de la création place l’homme au milieu de la nature et l’en rend responsable. La question de l’écologie se pose d’emblée. L’homme ne doit pas fuir ses responsabilités vis-à-vis de la nature sans pour autant en faire un sujet d’idolâtrie.

Vient ensuite la question de l’interdit. Nous devons accepter que tout ne nous est pas dû, ni permis, dans la vie. Certains fruits ne sont pas consommables. Mais, par ailleurs, certains interdits doivent être transgressés pour pouvoir progresser, pour accéder à la connaissance… Vaste sujet de réflexion qui ne doit pas être négligée, chacun à son niveau.

Dans le jardin d’Eden, Dieu pose une question à Adam : « où es-tu ? ». Nous devons nous la poser chaque jour, à nous-même ! (et peut-être aussi à Dieu) Où en sommes-nous ?

Adam et Eve découvrent leur nudité, apprennent la pudeur. Tout n’est pas à dire, à montrer. Nous vivons dans un monde qui trop souvent oublie les limites de la décence. Ne pas oublier de couvrir pudiquement certaines choses.

De la punition d’Adam et Eve, nous devons apprendre que chacun de nos actes, parfois anodin en apparence, a des conséquences, parfois très graves, et que nous devons assumer cela. Rien ne sert de fuir ses responsabilités, les conséquences nous rattraperont toujours. On ne joue pas à cache-cache avec la conscience.

L’histoire de Caïn pose la question de la violence en chacun de nous. Personne n’est à l’abri de celle –ci. Le seul moyen d’y résister et de tout faire pour essayer de s’améliorer, d’assumer ses propres difficultés. C’est le conseil que Dieu donne en vain avant le meurtre d’Abel. Mais ce récit pose aussi la question de la victime. Nous ne devons pas nous complaire dans ce rôle. Dans cette histoire, la motivation de la violence relève de la psychologie de Caïn et de son idéalisme mal placé, sa volonté d’être agréée par Dieu. Il faut fuir ce sentiment qui relève de l’orgueil. Caïn a commencé à parler à Abel, mais le dialogue a tourné court pour laisser la place à la violence. Nous devons toujours chercher à parler, à nous expliquer et ne pas garder nos sentiments hostiles et nos frustrations par devers nous. Contrairement à Abel, qui n’a peut-être pas su écouter Caïn, nous devons apprendre à écouter les autres, même quand ils ont tort. La violence reste une question trop vaste pour être traitée ici. Il faut néanmoins avoir conscience qu’elle est tapie à la porte de chacun. Elle n’est jamais inéluctable.

Il faut enfin se souvenir de ce grand principe de la Tora : l’homme a été créé à l’image du divin, non pas pour s’en enorgueillir, mais pour se respecter. Tout être humain mérite le respect et la dignité. Le racisme, le mépris, la négation du droit de l’autre, de son égalité ontologique doivent être combattues. Chacun de nous reste un égocentrique égoïste capable de se placer au-dessus de la mêlée. Nous sommes responsables de l’autre. L’Histoire de l’humanité « Toldot Adam », demeure le grand principe de la Tora et pour nous doit représenter un souci constant. Cela est impossible sans un altruisme absolu.

Voilà, brièvement exposé, quelques questions existentielles fondamentales que le récit de la création vient poser à chacun de nous.

Dans la liturgie, nous disons que Dieu recommence chaque jour l’acte de la création. Pour nous également, chaque jour, il faut tout recommencer. Le shabbat servant, entre autres, à réfléchir, faire le point et accorder un peu plus de part au souffle divin qui est en chacun de nous.

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