L’ambiance formidablement chaleureuse, la qualité professionnelle de l’accueil en ont séduit plus d’un. La partie artistique était d’un niveau exceptionnel. Cela faisait bien longtemps qu’une telle soirée n’avait pas eu lieu dans la communauté juive de Nice. Certaines absences volontaires furent remarquées, mais ce genre d’absents ne font du tort qu’à eux-mêmes. Beaucoup ont demandé les textes des discours, pas toujours audibles pour tous à cause du trop grand nombre de personnes, en voici une partie.
Discours du rabbin Yeshaya Dalsace
Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les présidents des différentes associations, chers collègues rabbins , chers amis, chers visiteurs, en particulier ceux venus de loin.
Le Talmud raconte une formidable histoire qui est à la base même de toute la démarche juive. Au cours d’un débat parmi les sages d’Israël, deux rabbins étaient en désaccord sur un point de doctrine. Le premier, Rabbi Éliezer l’intransigeant conservateur, voyant qu’il perdait de l’influence auprès des autres rabbins , invoquât des forces surnaturelles et se mit à faire des miracles pour prouver qu’il avait raison. Le deuxième, Rabbi Yehoshua, conscient de la nécessité de certains changements, invoquât la force de la raison qui est toujours supérieure à celle du miracle. Rabbi Éliezer multipliait les miracles sans pour autant faire fléchir Rabbi Yehoshua. Dieu voulu intervenir lui-même dans la discussion et une voix céleste se fit entendre pour appuyer la position conservatrice de Rabbi Eliezer. Rabbi Yehoshua, obligé de tenir tête à Dieu lui-même, se servit d’un passage célèbre de la Torah qui dit ceci : « cette Torah que je te prescris aujourd’hui n’est pas trop élevée pour toi ni trop lointaine. Elle n’est pas au ciel pour que tu dises : « Qui montera pour nous au ciel nous la chercher, pour nous la faire entendre, que nous la mettions en pratique ! » Et elle n’est pas au-delà des mers pour que tu dises : « Qui ira pour nous au-delà des mers nous la chercher, nous la faire entendre que nous l’accomplissions ! » Elle est au contraire très proche de toi : dans ta bouche, dans ton cœur, pour l’accomplir. »
« לא בשמיים היא » « Elle n’est pas au ciel ! » cria donc Rabbi Yehoshua, voulant dire que c’est à l’aide de la raison humaine et non du miracle que les hommes doivent gérer leur spiritualité. Et Dieu se plia à son avis !
Ce récit talmudique extrêmement profond et qui mériterait plus de commentaires, est fondateur pour le judaïsme. Il se passe historiquement à une époque charnière de grands bouleversements pour le peuple juif, au début du IIe siècle, peu de temps après la destruction du temple par les Romains. Rabbi Eliezer avait peut-être raison en théorie, mais il était incapable de s’adapter à la nouvelle situation due à l’évolution de l’histoire. Rabbi Yehoshua, lui, savait très bien que sans une interprétation humaine et une adaptation relative à la nouvelle situation du peuple juif, jamais le judaïsme ne pourrait continuer à exister. Pour cela il était prêt à tenir tête à Dieu lui-même.
Auparavant déjà, à l’époque du 2e temple, le courant dominant était celui des sadducéens. Ils étaient des conservateurs institutionnalisés, campés sur leur pouvoir, leur position sociale, intransigeants avec la lettre de la loi. Ils tenaient le temple et ne supportaient pas la voix dissidente des pharisiens. Ces derniers étaient plus souples, plus proche du peuple et de ses problèmes, ils avaient conscience que le judaïsme devait pouvoir exister en dehors du temple.
Les sadducéens disparurent de la scène de l’histoire car ils se montrèrent incapables de s’adapter à la nouvelle situation une fois le temple détruit. Les pharisiens, autrefois persécutés par les sadducéens, triomphèrent et donnèrent naissance au judaïsme rabbinique, remarquable par sa capacité discursive et sa créativité débordante.
Les pharisiens étaient eux-mêmes divisés en différents courants, comme nous l’avons vu dans la dispute entre Rabbi Eliezer et Rabbi Yehoshua. L’un de ces deux courants était plus conservateur, plus proche des sadducéens, rigide. C’était celui de Beit Shamaï. L’autre, fondé par un babylonien, était beaucoup plus tolérant et ouvert, il était même prêt à adapter la loi dans certains cas, pour le bien du peuple. C’était celui de Beit Hillel. Leurs discussions et leurs disputes traversent tout le Talmud . Néanmoins, c’est l’école de Beit Hillel qui l’emporta dans l’histoire juive et qui fixa la loi.
D’après le Talmud , Beit Hillel l’emporta parce que ses adeptes citaient toujours l’opinion de l’adversaire dans leurs propres discussions ; ils étaient ouverts à l’opinion de l’autre ; ils ne pratiquaient pas la censure ; ils acceptaient de se remettre en cause ; ils cultivaient l’autocritique et la pluralité du débat. Mais bien plus encore, ils ne blessaient jamais personne et accueillaient chacun avec le sourire.
Nous, juifs d’aujourd’hui, sommes héritiers de l’esprit d’ouverture des pharisiens, de l’humanité de Beit Hillel, de la raison de Rabbi Yehoshua. Nous, juifs d’aujourd’hui, sommes confrontés à d’immenses défis que posent la modernité et des bouleversements de société qui ne sont pas moins grands que ceux de l’époque de Rabbi Eliezer et de Rabbi Yehoshua, au IIe siècle.
Le judaïsme n’est pas une religion du passé. Il ne réclame pas un fidéisme aveugle replié sur lui-même, mais bien une créativité intérieure. Le judaïsme est une religion d’avenir. Mais le judaïsme et bien plus qu’une religion, c’est une grande et profonde culture qui a bien des choses à enseigner aussi bien aux juifs pieux, qu’aux juifs incroyants. Bien plus encore, la culture juive est susceptible d’intéresser par ses enseignements et ses textes tous ceux, quelle que soit leur confession, qui ont le désir ou la curiosité de s’y plonger. Non seulement parce que cette culture est un des piliers de la civilisation occidentale, mais également parce qu’elle doit être, avant tout, le lieu du débat d’idée, de la réflexion et de l’ouverture à l’autre.
Lorsqu’un juif cesse de se poser des questions, craint la réflexion, y compris sur sa propre tradition, se replie sur lui-même, c’est le signe qu’il est spirituellement malade, c’est le signe que dans le fond le judaïsme lui fait peur. La survie des Juifs à travers les âges ne repose pas sur la fermeture mais sur l’ouverture, pas non plus sur la réponse toute faite mais sur la question qui forcera la réponse à se renouveler. Les juifs existent encore parce qu’ils n’ont jamais eu peur d’être eux-mêmes, parce qu’ils n’ont jamais été en retard sur leur propre histoire, parce qu’ils ont toujours su digérer les soubresauts du Temps.
Le lieu que nous inaugurons aujourd’hui n’est pas simplement une synagogue supplémentaire dans la ville de Nice, qui serait juste particulièrement belle et chaleureuse. Ce lieu est celui d’une ouverture d’esprit absolue et d’une volonté de faire partager avec tous l’esprit de Beit Hillel. C’est un espace culturel, un lieu d’étude et de rencontre ouvert, où chacun peut venir se réunir et s’intéresser au vaste domaine de la culture juive.
C’est un lieu qui dit non au communautarisme et oui au dialogue. C’est un lieu qui dit non à l’intransigeance et oui à la tolérance. C’est un lieu qui dit non au fondamentalisme et oui au pluralisme. C’est un lieu de spiritualité, de culture et de rencontre ancré dans la cité et ouvert sur elle.
La communauté juive de Nice n’avait pas jusqu’aujourd’hui d’espace culturel et communautaire. Un trop ambitieux projet n’a pas réussi à voir le jour. Un projet parallèle, plus modeste ouvre ses portes aujourd’hui, devant tous et pour tous. Mais un espace culturel n’a pas seulement besoin de murs, il a également besoin d’un état d’esprit, celui de gens cultivés et ouverts. Sans cet état d’esprit, les murs demeurent une coque vide. C’est cet état d’esprit qu’il nous faut cultiver ici, c’est cet état d’esprit qui fait peur à certains, mais c’est cet état d’esprit qui assurera non seulement l’avenir du judaïsme mais l’avenir de l’humanité elle-même. Le 21ème siècle sera spirituel à la condition que les religions soient des lieux d’ouverture. Le fait que cet espace ait été créé sous l’égide d’un mouvement particulier du judaïsme n’a aucune importance, car celui-ci occupe une place centrale sur la palette idéologique, il n’est habité que par un seul souci, le bien de tous et par un seul désir, briser tout esprit de sectarisme.
Cet espace culturel élégant et fonctionnel n’aurait pu voir le jour sans la profonde conviction chez certains de l’urgence de réaliser un projet en ce sens et de l’incroyable capacité de don de tant d’individus totalement désintéressés sinon par le simple bien de la collectivité. Derrière un tel projet, il y a des années d’abnégation, de militantisme, d’investissement de temps et d’argent. Il y a une équipe de femmes et d’hommes remarquables qui ont osé, il y a 10 ans, se donner les moyens de leur conviction que quelque chose devait évoluer à Nice. Il y eut enfin l’impulsion d’une personne particulièrement généreuse prête à miser sur l’esprit de Beit Hillel, sans qui ce projet n’aurait pu prendre son essor. Grâce à toutes ces bonnes volontés lucides et courageuses, les choses changent et vont continuer à changer. Toutes ces personnes méritent d’être remerciées et félicitées, mais elles restent dans l’anonymat car ici, au sein de Maayane Or, tous travaillent avec pudeur et modestie dans le seul but de servir le bien commun.
Maayane Or représente un lieu et plus d’une centaine de familles qui l’animent, mais Maayane Or est beaucoup plus encore : c’est une des très nombreuses antennes de par le monde du courant central du judaïsme, le mouvement Massorti , dont la communauté juive de France a urgemment besoin.
Ce mouvement n’est nullement une nouveauté, il incarne parfaitement l’héritage de Beit Hillel. Il a été fondé il y a 150 ans par un des plus grands rabbins européens de l’époque Zekharia Frankel. Il regroupe près de 3 millions de juifs dans le monde, répartis sur tous les continents et a vu passer dans son sein des personnalités remarquables et notamment de grands savants de la Torah (Gretz, Cohen , Rosenzweig, Schechter , Ginsberg, Heschel , Libermann, Finkelstein, Greenberg, Jacobs, Weiss-Halivni, Friedman, Idel, Mopsik et bien d’autres). Ce mouvement a la particularité d’être fidèle au judaïsme et respectueux de la loi juive, la Halakha , tout en comprenant la nécessité de l’adaptation aux nouvelles conditions de la modernité.
Durant ces 150 ans, ce mouvement a souvent fait l’histoire. Il créa, en 1854 le premier séminaire rabbinique universitaire moderne à Breslau.
Ce lieu servit de modèle à bien des séminaires rabbiniques dans le monde, notamment au Jewish Theological Seminary de New York qui deviendra l’un des centres pilotes de l’érudition juive dans le monde occidental et qui rassemble la plus riche bibliothèque juive au monde. De ces séminaires sortirent non seulement des milliers de rabbins , d’éducateurs et de chercheurs, mais notament des personnalités remarquables qui marquèrent tout le judaïsme du XXe siècle et fondèrent des départements d’études juives dans les plus grandes universités du monde, à commencer par l’université hébraïque de Jérusalem. Le mouvement Massorti créa en 1904 le premier musée juif au monde : celui de New York.
Ce mouvement fut le premier à produire des émissions de radio juive, puis de télévision.
Ce mouvement inventa dès 1918 le concept de centre communautaire sous l’égide de Mordekhai Kaplan, pour qui la synagogue ne pouvait plus se contenter d’être seulement un lieu de prière.
Ce mouvement créa un remarquable réseau de camps d’été pour la jeunesse qui marqua profondément le judaïsme américain, les camps Rama dans lesquels les activités se passent en hébreu et qui accueillent plusieurs milliers d’enfants chaque année.
Ce mouvement créa le premier réseau éducatif juif véritablement moderne et religieux à la fois : les écoles Schechter en Amérique et le réseau Tali en Israël qui comporte aujourd’hui pas moins de 150 établissements répartis dans tout le pays.
Ce mouvement fut le premier à prouver que la Halakha était capable d’accorder une place digne de ce nom aux femmes juives.
Ce mouvement n’a jamais eu peur de débattre de toutes les questions intéressant le judaïsme et son avenir ou la société en général. Ce mouvement est un mouvement modéré et intelligent qui prône la voix du juste milieu et rejette les excès, d’où qu’ils viennent.
Ce mouvement est un modèle susceptible d’inspirer.
Ce mouvement a mené des combats : celui du sionisme auquel il a toujours adhéré activement, dès l’époque de Frankel, celui de l’intégration des juifs dans la société avec de remarquables résultats aux Etats-Unis, celui de la recherche intellectuelle et scientifique dans les domaines du judaïsme, celui de l’égalité des droits aussi bien pour les juifs eux-mêmes, que pour les femmes ou pour les noirs américains, rappelons la célèbre photo du Rabbin Abraham Heschel défilant aux côtés de son ami Martin Luther King, celui enfin de la paix en étant toujours à la pointe du dialogue interreligieux et interculturel, que ce soit en Israël ou ailleurs.
Ce mouvement ne représente donc nullement un judaïsme de deuxième ordre, mais bien le judaïsme dans une vision traditionnelle, équilibrée et ouverte, celui d’aujourd’hui mais également celui de demain. Maayane Or n’est donc qu’un petit maillon dans une grande chaîne. Sans la chaîne, le maillon perd sa valeur. Sans le maillon, la chaîne ne peut se prolonger.
C’est une immense chance et un grand mérite pour la ville de Nice et pour sa région, pour la communauté juive en particulier, que d’avoir su donner naissance à cet Espace Culturel et Communautaire dans lequel, nous l’espérons, l’esprit de tolérance et d’amour, mais aussi l’esprit d’exigence de Beit Hillel sera pour tous une véritable source de lumière, un « Maayane Or ». J’exprime le souhait que nous en soyons tous dignes, présents mais également absents, excusés ou non, et que nous saurons tirer correctement profit d’un tel lieu pour le bien de tous…
Merci d’être venus si nombreux pour nous soutenir.
Yeshaya Dalsace
Discours de madame Eliette Sabbah, présidente de Maayane Or.
Monsieur le Ministre et Président du Conseil Général des A.M.
Monsieur le Vice-président du Conseil Régional
Monsieur le Sénateur Maire,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les élus,
Madame la Présidente du Crif Régional,
Monsieur le Président du Fonds Social Juif Unifié,
Monsieur le Président du Consistoire de Nice,
Mesdames et Messieurs les Rabbins et les Représentants des
cultes,
Monsieur Le Président d’Université
Mesdames et Messieurs les Présidents d’Associations
Mesdames et Messieurs,
Chers amis, Soyez tous les bienvenus !
J’ai aujourd’hui la grande joie et surtout l’insigne privilège de vous accueillir pour le 10ème anniversaire de MO et pour l’inauguration de cet Espace.
En tout premier lieu je rends hommage à un homme discret et généreux grâce à qui, dans ce lieu, nous pourrons continuer à cultiver des valeurs auxquelles nous sommes attachés : le respect de l’autre, la tolérance, la prière, la solidarité, le désir de savoir....
Rappelez-vous : que de chemin parcouru depuis la naissance de notre mouvement et que de bonnes volontés rassemblées là ! Et en même temps que de naïveté, que d’inquiétude devant le travail à accomplir !
Rappelez-vous encore : d’abord confinés à l’Hôtel Ibis, nous nous sommes installés Rue verdi : quelle fut notre joie : enfin nous existions officiellement !
Forts de nos convictions, la foi chevillée au corps, chacun y est allé de son aide et de ses compétences : qui a noué des contacts avec les Etats- Unis, qui a appris aux enfants les brakhot de Chabbat, Certains ont mené les offices, d’autres ont maintenu une trésorerie et un secrétariat balbutiants, bref, tous nous nous sommes totalement impliqués.
Aujourd’hui nous avons toujours la même foi en l’avenir de notre Communauté.
Nombreux sont ceux qui ont emboîté le pas de ces militants de la première heure courageux et opiniâtres selon leurs possibilités qui continuent encore à consacrer beaucoup de temps et d’énergie à la réussite de cet ambitieux projet.
Nous voici à présent un groupe, de femmes et d’hommes, qui puisons nos forces dans nos convictions et regardons toujours devant, droit devant heureux de constater le sérieux la maturité et l’évolution de Maayane Or.
Je voudrais aussi rendre un hommage solennel aux Présidentes et Président qui m’ont précédée :
Marie-Anne Meyer qui, convaincue par la pensée Massorti , a décidé avec quelques amis, de l’implanter à Nice.
Sergio Wax qui a su prendre la responsabilité d’engager un rabbin dont la venue a été un des points d’orgue de l’histoire de Maayane Or et non des moindres.
Joanna Kubar à laquelle j’associe le Rabbin Dalsace qui ont su tous deux oeuvrer pour que l’Espace Maayane Or voit le jour dans ce cadre, digne de notre objectif.
Enfin, je voudrais exprimer ma reconnaissance aux responsables de Massorti Olami, à ceux de la Fédération Of Jewish Men’s Clubs, avec en particulier notre grand ami, le Rabbin Charles Simon Directeur Général qui, dès le début a cru en Maayane Or et nous a soutenus auprès des instances américaines du Mouvement Massorti .
J’ai donc moi aussi une tâche à accomplir longue et ardue et devant laquelle je ne dois pas faillir : grâce à vous, à ceux qui continueront à m’aider dans ma fonction, nous ferons de cet Espace, le lieu d’étude et de rencontre de tous ceux qui veulent participer à cette aventure, ce défi, d’un judaïsme à la fois fidèle à sa tradition et ouvert sur la Cité.
Nous constituons déjà une vraie force grâce à une participation active de nos membres.
Une autre étape s’ouvre : nos convictions et notre volonté en feront une réussite, j’en suis fermement persuadée.
Avant de terminer, je tiens à remercier particulièrement toutes les personnes qui se sont déplacées (certaines de très loin) pour assister à cet évènement.
Merci à vous tous ! Très Bonne soirée
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