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Qui est Juif ? Ou plutôt : quid du judaïsme ?

Qui est Juif ? Ou plutôt : quid du judaïsme ?

A propos de la décision de la Cour suprême sur les conversions non-orthodoxes  .

La Cour suprême a soulevé un tôlé au sein du judaïsme orthodoxe   en exigeant que le Ministère de l’intérieur reconnaisse les conversions faites en Israël dans le cadre des mouvements modernistes, traditionnaliste (Massorti  ) et libéraux. Cette nouvelle mérite analyse :

Tout d’abord, rien de bien nouveau sous le soleil, cette lutte politique pour le droit à l’existence en Israël des mouvements modernistes dure depuis des décennies, sur plusieurs fronts, et elle est loin d’être terminée. Les conversions faites en diaspora, que ce soit dans le cadre massorti   ou le cadre libéral (qu’il est important de ne pas confondre), sont déjà reconnues par l’État d’Israël. Or, il s’agit ici de celles réalisées en Israël auprès de gens qui habitent de toute façon le pays et ont souvent déjà la nationalité israélienne. Ces conversions sont très peu nombreuses. Il peut s’agir du conjoint non-juif d’un israélien, d’enfants adoptés par des Israéliens, de gens qui résident de longue date dans le pays… Il ne s’agit en aucun cas de conversions massives de populations comme des migrants ou des travailleurs étrangers. La décision de la Cour ne devrait pas changer grand-chose sur le terrain, mais elle est symboliquement importante et constitue une étape supplémentaire vers une régularisation de la situation des mouvements modernistes. C’est bien à ce symbole que s’attaquent les critiques des orthodoxes  , qui souhaitent le maintien d’une politique d’ostracisme et de marginalisation de ces mouvements qui pénètrent peu à peu la société israélienne.

La société israélienne s’est en effet construite sur un système binaire un peu manichéen : d’un côté les orthodoxes   qui sont tiraillés entre deux dynamiques contradictoires, celle dominante de la radicalisation et celle plus marginale mais dynamique de la modernisation, et de l’autre la société laïque non pratiquante majoritaire qui a abandonné le champ du religieux aux mains des fondamentalistes considérant, à mon avis à tort, que ces affaires religieuses ne la regardaient pas. Entre ces deux pôles de petits groupes d’orthodoxes   modernes, de massorti  , de libéraux assumés, qui tentent de survivre… avec peine (entre autres faute de subventions, contrairement aux orthodoxes   qui, eux, en reçoivent).

Cette situation est totalement absurde et contraire aux principes du sionisme ainsi qu’à ceux d’un État d’Israël moderne et cohérent. Pour améliorer la situation, des commissions ont été nommées, des accords ont été signés… Tous ces efforts cependant sont restés sans effet face au front de refus total constitué par les plus intraitables des orthodoxes  , qui se sentent le vent en poupe pour le moment et, également, à cause de la démission sur ce dossier des forces démocratiques de la société, en particulier au sein des partis de droite dont l’accession au pouvoir dépend des orthodoxes  , ce qui amène à tous les compromis.
Ce jugement de la Cour suprême n’est donc qu’une étape dans un long processus engagé pour éviter la dislocation du judaïsme contemporain vers laquelle tend la politique d’ostracisme de l’orthodoxie  . C’est une avancée qu’il faut saluer, mais on pourrait aussi assister à des régressions à l’avenir du fait du jeu politique.

Contrairement à ce que les titres des journaux laissent entendre, la question n’est pas de savoir qui est Juif mais qu’est-ce que le judaïsme ? Et accessoirement, qu’est-ce que le projet sioniste ?
Qui est Juif ? Cela n’a jamais été tranché et est impossible à trancher, chaque sensibilité y allant de sa définition. Il existe d’ailleurs de sérieuses divergences entre libéraux et massorti   sur cette question. Du point de vue de l’État, la définition est celle de la Loi du Retour qui non seulement n’est pas basée sur la Halakha  , mais reconnait déjà les diverses sensibilités religieuses juives et leurs conversions. Par exemple, un certificat de judéité émanant du mouvement massorti   français a la même valeur pour l’Agence Juive que celui fait par le Consistoire  . La question n’est donc pas là.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, nous sommes face à une question de fond de la première importance pour l’ensemble du peuple juif et une victoire orthodoxe   dans cette longue bataille serait à mon avis une véritable catastrophe pour l’avenir du judaïsme, déjà faible, qui serait réduit à sa part la plus sectaire et à un abandon de la raison. Une totale hégémonie orthodoxe   sur le judaïsme, cas hypothétique, engendrerait une réduction sévère des rangs juifs, l’éloignement d’une forte part des Juifs (notamment les plus intellectuels), de tout cadre communautaire dès lors invivable, et dans l’État d’Israël, une catastrophe politique difficile à imaginer. On en est loin, mais la prudence est de mise. Il est clair en ce sens que le rêve orthodoxe   est un cauchemar pour une bonne majorité de Juifs.

Le judaïsme est-il inexorablement enfermé dans une vision fondamentaliste, ou bien est-il composé des diverses sensibilités du peuple juif, certes en désaccord entre elles sur plusieurs points, mais qui se complètent dans la situation actuelle ?
Le discours orthodoxe   est légitime en soi dès lors qu’il est celui de l’exigence, mais il devient insupportable dès lors qu’il est celui d’une profanation de l’intelligence et, partant, du Nom divin. Or ce qui est intéressant dans cette affaire, c’est la réaction orthodoxe  , caricaturale comme toujours. Si on écoute certains orthodoxes  , les autres sensibilités du judaïsme ne seraient tout simplement pas du judaïsme. Elles seraient d’autres religions. Ce discours s’est encore fait entendre durant ce nouvel épisode, avec des propos ahurissants de députés orthodoxes   à la Knesset et une campagne infamante aux relents des pires heures de l’antisémitisme qui comparait les convertis non-orthodoxes   à des chiens ! Quel historien ou intellectuel sérieux dirait que ces courants ne sont pas du judaïsme ? Personne. Qui d’autre qu’une personne obtue et inculte peut affirmer des bêtises pareilles ?
Le discours orthodoxe   dominant est devenu tout simplement grotesque pour toute personne qui connait un peu ces dossiers et constitue une véritable insulte à l’image de l’orthodoxie   et de la Tora qu’elle a la prétention de représenter avec fidélité ! Je plains sincèrement les orthodoxes   intelligents que je connais qui sont piégés, souvent malgré eux, par des porte-paroles aussi petits, sectaires et stupides. Hélas, ce sont ceux qui tiennent les rênes du pouvoir : députés et grand-rabbinat ! Avant d’affirmer qu’une sensibilité juive se situe hors du judaïsme, il faudrait déjà définir la limite et argumenter le discours plutôt que de jeter des anathèmes basés sur des préjugés, des slogans creux, des caricatures et des rancœurs.

La vraie question derrière tout cela, ce n’est pas la position de la Cour suprême qui obéit à sa logique juridique, ni celle des mouvements modernistes, ni leurs conversions en Israël qui sont en très petit nombre et le resteront de toute façon ; la vraie question est de savoir où va l’orthodoxie  . Dans quelle dérive est-elle tombée ? Si vraiment elle désire exclure le reste du judaïsme, elle finira par s’exclure elle-même et en toute logique ne pouvoir perdurer qu’en vase clos. Libre à elle, mais elle ne peut entrainer l’ensemble du judaïsme et des Juifs dans ses dérives ; plus elle se radicalise, plus nombreux seront ceux qui s’en éloigneront et plus se creusera la distance avec l’immense majorité des Israéliens qui n’ont nullement envie de vivre dans un pays dirigé par des « Ayatollah à la juive ».

On peut discuter du bien-fondé de la politique de conversion de tel ou tel mouvement (celle de l’orthodoxie   et ce qu’elle fait subir à nombre de candidats est loin d’être la meilleure, elle est même souvent contraire à la Halakha   sur la dignité humaine), mais le débat n’est pas là. Y a-t-il encore 15 millions de Juifs ou doit-on exclure tout ce qui n’est pas orthodoxe   ? Si on prend nos radicaux au mot, il ne va pas alors rester grand monde. L’État d’Israël est-il vraiment celui des Juifs ou doit-il devenir un État sectaire affidé à une bande de fondamentalistes bornés ? Or, ces questions intéressent tous les Juifs du monde.

La Cour suprême ne se mêle pas d’un débat de Halakha   ou de vision juive qui ne la regarde pas, mais elle sait qu’existent pour des raisons historiques diverses sensibilités au sein du judaïsme, en Israël comme ailleurs, et qu’une institution démocratique telle que se veut l’État d’Israël doit en tenir compte. La décision de la Cour suprême semble une évidence à toute personne qui possède une once de culture démocratique et va dans le sens de l’histoire. L’inverse serait surprenant.

Il n’y a aucune justification à ce que le rabbinat israélien, organisme d’État, soit à la traîne des Haredim   comme il l’est devenu. Tout comme il n’y a aucune raison pour que l’impôt public serve à subventionner des gens qui crachent sur l’État et le reste du peuple juif et contribuent à former des centaines de milliers de jeunes sans diplômes, sans culture générale, ni même juive au sens large, et qui n’ont d’autre ambition que de vivre aux crochets du reste de la société, tout en le méprisant. Il y a ici un sérieux ménage à faire, mais qui pour des raisons de système électoral ne se fera pas, au risque de voir un jour le rêve sioniste sombrer dans la mer de l’obscurantisme ou dans une moindre mesure la société israélienne gangrenée par de larges poches de populations à problèmes. L’expérience tragique du Covid, avec des taux de contagion disproportionnés dans les quartiers orthodoxes  , des scènes hallucinantes de rassemblements interdits, des émeutes d’une grande violence, nous a offert un avant-goût des futures dérives possibles, lesquelles sont d’ailleurs en parfaite opposition avec l’esprit de la Tora.

On peut très bien avoir des désaccords sans pour autant tomber dans la négation de l’autre, le mépris et l’anathème. Le mouvement Massorti   est en désaccord avec le mouvement libéral sur bien des points et pourtant ils ne se détestent pas et savent collaborer de façon fructueuse sur certains dossiers. L’orthodoxie   moderne est bien plus proche du mouvement Massorti   que des Haredim  , même si elle ne parvient pas à assumer ce positionnement. L’orthodoxie   elle-même est traversée de failles et en crise profonde, tant au niveau du leadership que des idées, mais surtout elle est dans une impasse sociale. Dans de telles conditions, ni les uns, ni les autres ne peuvent prétendre détenir la meilleure formule pour l’avenir du judaïsme … Le chantier reste ouvert.

Sur la question du processus de conversion lui-même, si l’on consulte les textes classiques de référence (Talmud  , Rambam  , Shulkhan Aroukh, ainsi que de nombreux poskim), on se rendra vite compte que les courants modernistes, en dépit de leurs divergences non seulement en interne, mais également entre eux, suivent ces textes dans leur processus de conversion. Une solution simple serait d’ailleurs de faire voter une loi considérant que toute conversion pratiquée selon les instructions du Shulkhan Aroukh est valable… Cela rassemblerait tout le monde. Du coup, avant d’affirmer que les conversions de tel ou tel ne sont pas valables, faudrait-il encore le prouver et argumenter. Faudrait-il aussi cesser de caricaturer ces mouvements et de les considérer comme un bloc uniforme, ce qu’ils ne sont pas.

Il est triste de constater qu’un haut fonctionnaire de l’État grassement payé, en principe au service du peuple juif, n’a rien trouvé d’autre à dire qu’un pur mensonge et appel à la haine : « Les juifs réformés et massorti   n’ont rien, pas de mitzvoth ni rien d’autre ». (Yitzhak Yosef, grand rabbin   séfarade d’Israël, connu pour son racisme, sa misogynie, sa remise en question de l’autorité de la Cour suprême… mais aussi auteur d’un très bon livre de Halakha   intitulé « Yalkout Yossef » et qui, dans ses contradictions internes, est le digne fils et successeur de son illustre père). Déclaration indigne d’un Talmid ‘Hakham, mais également scandale d’État dès lors que ce rabbin   occupe un poste officiel rémunéré par l’argent public, sans pour autant être inquiété. Quand à l’affirmation que tel ou tel est sans mitsvot, je préfère l’enseignement de mon maître Manitou, ou encore celui du bel esprit du hassidisme  , qui aimaient à considérer chez tout individu le côté plein du verre plutôt que l’inverse… Dans cette perspective, même le Juif le plus sécularisé pratique un certain nombre de mitsvot et donc, a fortiori, un juif réformé.
Le commentaire du Grand rabbin   ashkénaze David Lau n’est pas beaucoup plus nuancé, ni même dans le sujet.
Toutes ces réactions montrent combien les structures orthodoxes   ont une idée partielle des autres mouvements du judaïsme, de l’histoire juive ou de ce que signifie le fait d’avoir un État pour un peuple comme le nôtre. De cela, on peut sérieusement s’inquiéter. Mais on a le rabbinat qu’on mérite et l’avenir qu’on se prépare…

Pour ma part, quand je vois ces dérives, je sais pourquoi je me suis éloigné de l’orthodoxie  . Je sais en tant qu’Israélien ce que je souhaite : un État dans lequel chaque branche du judaïsme a pleinement sa place, y compris celles que je n’apprécie pas. Je suis démocrate et ne crains ni la contradiction, ni le débat et je reste prêt à changer d’avis si nécessaire. Je m’inquiète des dérives nombreuses d’une orthodoxie   de plus en plus renfermée sur elle-même et coupée des réalités. Je souhaite une réflexion sereine sur ces questions et des échanges constructifs. Comme nul ne m’oblige à reconnaître les conversions de tel ou tel ou de vivre avec tel ou tel, nul n’oblige l’orthodoxie   à accepter les autres conversions et nul ne l’empêche de vivre dans son coin. Par contre, elle n’a aucune qualification particulière pour dicter leur conduite aux autres Juifs et encore moins à un État qui devrait être neutre sur ces questions et surtout rassembleur dans la paix et la tolérance de chacun de ses membres, en pleine liberté de conscience et de respect de l’égalité citoyenne.

Affaire à suivre…

Yeshaya Dalsace

Messages

Qui est Juif ? Ou plutôt : quid du judaïsme ?

Bonjour,
Toujours très construisant de vous lire.

Vous mettez habilement des problèmes internes au courant orthodoxe  , en lumière. Merci. Mais je crois qu’aujourd’hui il est difficile de représenter les limites d’un courant et qui en sont ses représentants officiels.

Ceux qui se comportent comme des orthodoxes   ne sont peut être pas orthodoxe   du coeur mais ne sont qu’ un produit d’une génération précédente qui eux, meritait peut être mieux ce titre (s’il s’agit d’un merite) .

D’autre part, d’autres personnes qui s’auto-proclame ’’non-orthodoxe  ’’ parce que ce qu’ils voient dans la représentation de l’orthodoxie   contemporaine des éléments qui ne leur convient pas, au fond, sont de vrai orthodoxe   du coeur, émus par des texte bibliques talmudiques et hassidiques, et qui par leur comportement s’alligne totalement avec la halah’a, tel qu’ils la conçoivent (un peu comme la troisième étape des AA, Dieu tel que nous le comprenons) .

Sachez quant même (Je crois que vous Le savez) même si un pan ’’crieur’’ de l’orthodoxie   est extrêmement refermé sur lui même, il n’est qu’une partie de l’ensemble. Beaucoup de rabbin   extrêmement orthodoxe  , ont une ouverture d’esprit et la descence de ne pas toujours crier.

Ces ’’crieurs’’ ont une idée partielle et souvent fausse des autres courants du judaïsme, mais les orthodoxes   intellectuels ne sont pas dupes et n’ont même pas besoin de repondre.

Quelques remarque.

1. ’’Une solution simple serait d’ailleurs de faire voter une loi considérant que toute conversion pratiquée selon les instructions du Shulkhan Aroukh est valable…’’
Je crois qu’il est nécessaire de prendre en compte des éléments culturels qui nécessitent des précautions particulaires. Je ne crois pas que l’ont puisse assoir des rabbins   et voter. (Je crois qu’une conversion qui suit le choul’han arou’h serait acceptée le’houmra)

2. ’’Il n’y a aucune justification à ce que le rabbinat israélien, organisme d’État, soit à la traîne des Haredim   comme il l’est devenu. Tout comme il n’y a aucune raison pour que l’impôt public serve à subventionner des gens qui crachent sur l’État et le reste du peuple juif et contribuent à former des centaines de milliers de jeunes sans diplômes, sans culture générale, ni même juive au sens large, et qui n’ont d’autre ambition que de vivre aux crochets du reste de la société, tout en le méprisant’’

Aucune justification, certes, mais Le système politique israélien oblige cette faille, sinon, les haredim   seraient depuis longtemps partis...
Les haredim   en général (sauf nitoure karta) ne méprisent pas l’état, mais n’acceptent pas d’être gouverné par des lois qui vont à l’encontre de la Tora. Ils se battent pour cela, et ont ’’plusieurs’’ partis politiques pour cette raison. (Démocrate et républicains...) Le problème du manque d’éducation et de culture général n’a à mon avis rien à voir avec les haredim   ! Je connais des haredim   très instruits. (Vous aussi j’imagine) c’est un problème ’’universel’’. Aussi je crois que vous confondez ’’olam hayeshivot ’’ qui constitue une parti minoritaire de l’orthodoxie  .

3. ’’Qui est Juif ? Cela n’a jamais été tranché et est impossible à trancher, chaque sensibilité y allant de sa définition. Il existe d’ailleurs de sérieuses divergences entre libéraux et massorti   sur cette question. Du point de vue de l’État, la définition est celle de la Loi du Retour qui non seulement n’est pas basée sur la Halakha  , mais reconnait déjà les diverses sensibilités religieuses juives et leurs conversions. Par exemple, un certificat de judéité émanant du mouvement massorti   français a la même valeur pour l’Agence Juive que celui fait par le Consistoire  . La question n’est donc pas là.’’
Il y a ici un problème fondamental. La loi du retour n’a rien à voir avec Le fait d’être ou de ne pas être juif. Cette loi pourrait tout à fait permettre à un homme dont les deux parent ne sont pas juifs mais qui se sent fondamentalement juif de revenir en Israël. Si par exemple on devait définir qui est une femme, un homme à qui On aurait injecté des hormone féminine et qui veut être appelé femme, qui se sentirai insulté d’etre appelé ’’monsieur ’’ ne devient pas une femme pour autant !

Généralement, ’’la loi crait la loi’’ c’est lorsqu’elle a été tranchée qu’elle est juste. (Autojustificative). La, nous cherchons à choisir une loi mais à savoir qu’elle est la vérité ? Est ce un juif ou non ? Une femme ou un homme ?

4. Le courant orthodoxe   n’est pas composé que de gens qui respectent la loi. Je crois que 70% des juifs orthodoxes   ne dit pas chabbat, deviennent pas à la shul... Mais leur perspective est une perspective orthodoxe  . Comme la personne qui ne pense que du bien de la sobriété mais n’arrive pas encore à arrêter de boire. Il voudrait un monde orthodoxe   (Je parle d’une orthodoxie   saine ..évidement) mais n’arrive pas à s’aligner au exigences que cela implique !

Qui est Juif ? Ou plutôt : quid du judaïsme ?

Merci de me lire et pour vos réflexions.

Tout d’abord, il faut s’entendre sur les termes, pour moi « orthodoxe   » veut dire être adhérent à l’idéologie orthodoxe   qui consiste à refuser les données de la modernité. Les « modernes orthodoxes   » n’en font pas partie (les vrais orthodoxes   les rejettent d’ailleurs). Le large public peu pratiquant des synagogues orthodoxes   non plus, il fréquente, souvent par manque de choix, mais n’adhère pas. Être attaché à la pratique juive, à l’étude, défendre la beauté de nos textes, n’a rien à voir avec l’orthodoxie   et on trouvera cela également ailleurs. L’orthodoxie   se spécifie par son blocage idéologique de plus en plus crispé sur une position strictement conservatrice et non critique, sa peur du changement. Rien à voir avec le fait d’être un Ben Tora ou un pratiquant.

Il n’existe pas de différence de fond entre ce que vous nommez les « crieurs » et les autres. Les crieurs sont des rabbins   influents (Grands rabbins   d’Israël !), députés à la Knesset, etc… Or dans le monde orthodoxe  , personne ne les fait taire. La critique interne est quasi inexistante. La partie intellectuelle de l’orthodoxie   brille par sa passivité et son silence, donc une forme de lâcheté intellectuelle ou en tout cas de démission.

Votre propos sur les différences de génération est très pertinent. On ne peut comparer la volonté de reconstruction de la génération post-Shoa avec la crétinerie militante et dominante d’aujourd’hui. Le drame orthodoxe   est là : l’impasse idéologique de l’enfermement dans un monde qui a profondément changé. La question de l’étude ou de la pratique n’a rien à voir là-dedans, elle existe ailleurs et pourrait se maintenir dans une orthodoxie   plus ouverte.

Sur vos points :

1 – Les conversions non-orthodoxes   sont rejetées des deux mains dans la plupart des cas par les rabbins   orthodoxes   sans même un effort d’examen, alors que l’on sait très bien qu’elles ont une valeur halakhique. C’est donc de l’hypocrisie et de la manipulation de la Halakha  .

2 Le bas niveau individuel ou au contraire la remarquable capacité autodidacte de certains n’est pas mon propos. Je parle d’un système éducatif organisé qui plonge la masse dans l’ignorance. En Israël, le système scolaire orthodoxe   (Atsma’i, pas le sioniste religieux très différent) empêche toute acquisition d’une culture générale et même juive et encore plus d’un esprit critique. Ceux qui en sortent n’ont aucun diplôme et ont les pires difficultés pour faire des études dans les rares cas où ils ont le courage de vouloir le faire (car il en faut du courage !). L’Etat d’Israël finance ce système et le tolère et c’est une énorme erreur à mon avis. C’est cela que je dénonce. Un système éducatif ne devrait jamais être un endoctrinement. Or le système éducatif orthodoxe   en est un, très clairement. L’Etat par sa démission en est le complice.

3 – Qui est Juif ? Bien entendu que la définition de la Loi du retour relève du fait d’être juif, c’est une définition laïque et anthropologique. La définition de la Halakha   n’est pas la seule possible et ne répond pas à tout, il n’y a donc pas de définition claire et objective. Au bout du compte, c’est la subjectivité individuelle qui a la réponse. Ma définition d’homme de la Halakha   ne convient peut-être pas à toute la réalité juive actuelle et je l’admets humblement.

4 – J’ai déjà répondu. Etre orthodoxe  , c’est adhérer pleinement aux idées de l’orthodoxie  , éviter toute critique du système et c’est bien pourquoi je ne le suis pas et que je l’assume. Rien à voir avec la pratique quotidienne. C’est aussi pourquoi cette orthodoxie   est en crise, car déphasée avec la réalité juive et qu’elle finira par se rétracter dans son coin, car incapable d’un discours cohérent ou d’un projet d’avenir pour l’immense majorité des Juifs. En attendant, elle aura causé d’énormes dégâts et éloigné bien des Juifs du judaïsme.

J’espère avoir réussi à être clair. Avec tout le respect.

Yeshaya Dalsace

Qui est Juif ? Ou plutôt : quid du judaïsme ?

Bonjour,
Tout d’abord je ne nierai certainement pas cette mode d’enfermement intellectuel très à la mode dans certaines communautés et surtout en france !! Par Contre je ne comprends pas pourquoi vous avez choisir de définir l’orthodoxie   par sa négation à adhérer à la modernité. ’’l’idéologie orthodoxe   qui consiste à refuser les données de la modernité’’.

Même si un pan du mouvement orthodoxe  , est ’’limité’’ intellectuellement et n’est pas capable de dépasser certaines lignes anciennes (d’ailleurs je pense que pour certains d’entre nous, il serait très néfaste de tenter un tel mouvement) je ne vois pas qu’il s’agit la d’une idéologie mais plutôt d’un ’’par depis’’. D’ailleurs en Amérique beaucoup de dirigeants orthodoxe   ont une ouverture d’esprit sur la modernité (Je pense à ’’Rav itschak bretovits, mr Charly harary...).

1. Je crois qu’une conversion non orthodoxe   peut être (dès fois ? Souvent ?) Valide même selon l’opinion orthodoxe  . Alors la question devient double. Comment un rabbinat orthodoxe   peut il refuser (sans même vérifier) une conversion non-orthodoxe   ? Je crois que la vrai réponse (pas celle qu’ un rabbin   vous dira) est qu’il s’agit d’un parfeu social. Je crois que dans certain cas vous comprendrez qu’une conversion non orthodoxe   n’est pas valide (selon l’orthodoxie  ) et accepter qu’une conversion par le système réformé (par exemple) puisse être validé causerait une brèche dans le système orthodoxe  .

2. Je prône pour une pluralité du judaïsme. Pour moi ceux qui étudie dans les yechivot (et sérieusement) donnent une certaine couleur (noir ?) à l’ensemble du peuple. Il offre la possibilité de retour vers la Tora à certain. (Ex : la hassidout breslev (édulcoré) où on dance et chante plus que tout à aidé beaucoup de personne a retrouver ’’leur’’ équilibre émotionnel et spirituel.) Tout comme le sionisme orthodoxe   offre une couleur (bleu et blanc ?) au judaïsme, et offre un terrain de retour à d’autres. L’état d’Israël n’est que très peu intéressé par nos propos, mais plutôt par l’enjeu politique.
Aussi, je crois que nous n’appartenant pas à cette nouvelle génération d’ignorants. L’ignorance est une monnaie courante dans le monde entier, à tout les niveaux. ET je crois qu’une seconde raison à cette volonté de ne pas traiter de certains sujet à pour but de protéger des jeunes qui ne sauront pas réagir avec maturité. Est-ce un raison valable ? Je ne sais pas mais c’est un autre sujet.

3. 100% d’accord ! D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi la loi du retour devrait s’appliquer selon la définition orthodoxe   ! Un être humain qui se sent foncièrement juif ne devrait pas être interdit d’entrée, même s’il n’est pas juif selon la halakha  . C’est une question humaine. Néanmoins, Le sentiment juif ne suffit pas pour l’être selon la halakha  . (Il y a un grand débat aujourd’hui au sujet des transsexuels. Si une personne n’ait de sexe masculin se fait castrer et injecter des hormones de femmes, devient-il une femme. Il y a une question d’ordre humaine, cette personne doit être respecté et appelé madame s’il le souhaite (tant que ce respect n’est pas detrimental pour la société), mais est il un homme ou une femme biologiquement parlant, c’est une autre affaire)

4. Dans sa grande partie, je ne crois pas qu’il soit en crise. Ou peut-être devrais-je dire que tout les systèmes sont en crise.

Mais ce que je déplore, c’est que des gens comme vous (et il n’y en a pas beaucoup) n’offrent pas leur ouverture d’esprit et leur connaissance à l’intérieur du système ’’religieux’’ (auquel vous appartenez plus que beaucoup d’autres) . Personnellement je n’adhère pas avec l’idéologie et Le comportement de la communauté à laquelle j’appartiens (et je n’en suis pas Le seul) mais je fais fi des différences et offre (et prends) ce que j’ai à offrir. Peut-être pensez vous que vous avez plus à offrir au gens de votre communauté ? en effet c’est possible, mais sachez qu’en tant que juifs orthodoxe   je déplore votre absence parmi nous.

Respectueusement.

שבת שלום
חג שמח.

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