La position de notre mouvement en Europe est qu’a priori, il convient autant que possible d’éviter l’union entre un cohen et une femme divorcée.
Précisons que c’est un commandement de la Tora (Lévitique 21,7) qui du reste porte sur l’union et la cohabitation en tant que telles, indépendamment de la cérémonie du mariage.
La raison évoquée dans le verset est que le prêtre est « sanctifié pour Son Dieu ». Ce qui signifie qu’il occupe une fonction éminente qui a valeur exemplaire, de paradigme de sainteté, notamment dans son expression maritale. L’échec relationnel que constitue le divorce semble entacher cette fonction distinguée.
Même si aujourd’hui la fonction de cohen est considérablement réduite et quasiment honorifique et mémorielle (en souvenir du Temple), les règles afférentes aux cohanim sont encore largement suivies. [1]
Toutefois, nous sommes conscients que selon la Halakha elle-même, c’est une injonction qui en cas de transgression n’implique ni l’invalidité religieuse du mariage, ni ne destitue les enfants du statut de judéité. [2]
Les implications juridiques effectives sont les suivantes. Les enfants d’une telle union (je le répète : que le mariage ait lieu ou non) sont "halalim" (désacralisés), ce qui signifie que les filles ne peuvent se marier avec des cohanim . Le statut de cohen du marié est suspendu pour tout ce qui concerne les fonctions honorifiques : il ne peut plus monter au doukhan (estrade) pour participer à la bénédiction de l’assemblée, ni être appelé en premier à monter à la Tora au titre de cohen .
Nous sommes également conscients que la vie contraint parfois à des choix difficiles et qu’il n’est pas toujours réalisable de s’acquitter de l’ensemble des exigences de la Tora sans renoncer à des choses très essentielles. L’amour entre deux personnes désireuses de fonder un foyer juif mérite d’être pris en considération.
Ainsi, pour faire valoir une certaine similarité, peut-on voir que pour respecter le désir de mariage, s’agissant du devoir de procréation, la plupart des décisionnaires tardifs ont renoncé à toute contrainte que ce soit pour interdire le mariage avec une femme stérile ou le devoir de s’en séparer après 10 ans d’infertilité. [3]
Il convient également de faire valoir que les grands maîtres de la Halakha considèrent depuis longtemps qu’en raison des multiples vicissitudes de l’exil et par manque de preuves le statut de prêtre ne constitue plus une certitude mais une simple présomption. En conséquence de quoi, les transgressions relatives à ce statut sont de moindre gravité. [4]
C’est pourquoi, compte tenu de toutes ces données, nous estimons que de nos jours, il ne convient pas de faire pression sur un couple (cohen -divorcée) pour les séparer et il va sans dire à les contraindre à quoi que ce soit.
Nous estimons au contraire qu’en des temps de nombreux mariages mixtes, le fait que se constitue une union juive constitue en soi une valeur précieuse qu’il ne faut pas briser à la légère. Et plutôt que de laisser un couple vivre maritalement sans ketouba (contrat de mariage) et sans bénédiction, bon nombre de nos rabbins assument de présider à une cérémonie de mariage de cet ordre, dans le but de les encourager à fonder un foyer juif et donner une éducation juive à leurs enfants dans les structures communautaires existantes.
Rabbin Rivon Krygier
Pour un responsum massorti sur la question allant dans le même sens, cf. rabbi Theodore Friedman, « May a Rabbi Officiate at the Marriage of a Kohen to a Gerushah », in : Be’er Tuvia, pp. 141-144, 1991.
Sur la question du mariage éventuel entre un Cohen et une convertie lire l’article détaillé suivant
Messages
Bonjour et merci par avance pour votre réponse,
J’aimerais connaître votre avis sur le cas d’un Cohen divorcé voulant se marier avec une femme juive qui elle n’a jamais été mariée, mais qui a eu par le passé une relation avec un homme non-juif ? J’ai été profondément bouleversée et blessée d’apprendre qu’à l’heure actuelle cette union serait toujours interdite ! Qu’en est t’il de la techouva pour la femme concernant notamment cette ancienne relation ? Existerait il alors une techouva à vitesse variable pour certains et non pour d’autres ? (je pense notamment à un cas réel autour de moi d’un homme Cohen pratiquant qui a entretenu une relation avec une femme non-juive, et qui aurait LUI la possibilité de faire techouva puis se remarier en toute quiétude avec une femme juive !!!) J’apprends également que cette femme serait considérée comme "zona" et cela est un véritable choc ! Personnellement j’ai beaucoup de mal a entendre cela ! Comment peut on qualifier une femme juive, d’"Isha zona" ? et j’irais même plus loin quel que soit son passé ? A l’heure des divorces à répétition, des non-engagements, des mariages mixtes etc...j’avoue ne pas comprendre...C’est une femme profondément juive et dont les larmes n’ont pas fini de couler qui vous écrit et attend vos éclairages
Merci
Bonjour,
Je suis Cohen et suis "amoureux" d’une fille depuis pas mal de temps... Elle a de belles midot, elle est shomerette chabbat, tsniout,... et elle me plait aussi bien physiquement que mentalement.
Malheureusement elle s’est mariée sans que je lui dise quoique ce soit, à cause de ma timidité... Et a divorcée moins de 6 mois après son mariage, car son mari avait totalement tourné mais pas du bon coté (je n’ai pas envie de m’étendre sur le sujet).
Quelques mois après qu’elle ait divorcé, on a recommencé à se parler et je pense que j’ai mes chances avec elle.
Je ne sais pas quoi faire !...
Y a t’il une solution pour que mes "futurs enfants", si je me mariais avec elle, ne soit pas des Cohanim ’halalim et que "mes filles" ne subissent pas des restrictions de mariage avec des Cohanim ?
Merci de vos réponses.
Cher monsieur,
Vous n’avez pas 40 solutions :
– soit vivre en couple sans mariage et faire des enfants avec elle, mais ils ne seront pas Cohen .
– soit vous marier avec un rabbin qui accepte (un tel mariage est halakhiquement possible, même si a priori désapprouvé), vous serez mariés, mais là aussi pas de transmission.
– soit la quitter et chercher quelqu’un d’autre.
– soit prouver que le premier mariage n’était pas valable et qu’elle n’a donc pas le statut de divorcée... Tout rentrerait alors dans l’ordre pour vous.
Il faut reconnaître que c’est un peu kafkaïen comme situation, mais c’est la Halakha .
Bonne chance dans tous les cas.
Yeshaya Dalsace